5 livres puissants qui vont vous changer les idées (et la vie)
Psychanalyse, poésie, sciences sociales, et BD de folie
Alors là, vraiment, on est gâté·es. Ce mois-ci, c’est carrément la bamboche supplément confettis dans les rayons de nos librairies : ce ne sont pas moins de 5 de nos meufs les plus sûres qui ont sorti un livre en ce mois de février. Alors c’est vrai qu’on trouve un peu le temps long en ce moment (nannnn ?), mais on aurait presque envie de se dire que ça en fait juste assez pour dévorer toutes ces pépites : une super BD comme un conte politique sur les sorcières, un livre de psychanalyse accessible qui va vous oxygéner le cerveau, une revue de poésie blindée de découvertes awesome, un guide pour piger et défendre les transidentités, un essai illustré hilarant et nécessaire sur la “chattologie”… Faites vos jeux, tout est permis, avec en bonus, 3 exemplaires de Résine d’Élodie Shanta à gagner. Tout ça en même temps, oui !
La BD qui met les sorcières à l’honneur
C’est l’histoire de Résine, une sorcière qui vit incognito sa condition de meuf badass et super-puissante, au risque de passer sur le bûcher (coucou l’ambiance médiévale !). Mais un jour, Résine est accusée d’être une sorcière : elle en a ras le bol et s’oute auprès de son mari, du type plutôt compréhensif. Iels quittent ensemble la ville pour rejoindre un patelin du nom de Floriboule, où iels font la rencontre du lutin Scorbul, et d’autres ami·es et allié·es. Si tout va pour le mieux ? Ben pas vraiment. Car rapidement, certains villageois Floriboulois (l’équivalent des vieux relous de nos vies version BD) se lancent dans une chasse aux sorcières, à base d’arguments aussi sexistes qu’obscurantistes.
La suite, on vous laisse la découvrir. Mais ce qu’on peut vous dire, c’est que ce roman graphique, derrière son apparente simplicité, envoie valser les violences et les diktats dans un savant mélange d’espièglerie et d’engagement féministe. Une histoire à lire avant de s’endormir pour faire des rêves de sororité et de vie sans patriarcat <3.
Résine, un roman graphique d’Elodie Shanta, à découvrir aux éditions La Ville Brûle. On vous en fait gagner 3 exemplaires, par ici !
Le livre de psychanalyse qui va vous oxygéner le cerveau
Elle est dérangeante Mardi Noir. Elle gratte là où ça dérange, là où ça paradoxe, là où ça fait chi**, même, parfois. Mais c’est sûr qu’elle n’a jamais peur de poser les questions qui fâchent, comme en témoignent déjà les vidéos de sa chaîne Youtube PTLF (aka Psychanalyse Toi La Face). BON, on n’est pas tout le temps d’accord avec elle, mais ce qu’on sait c’est qu’elle nous fait du bien. Du bien comme une séance chez une psy qui serait EN PLUS une copine super smart.
Exemples de réflexions : est-ce qu'on tente de rester fidèles à nous-mêmes sur les réseaux à base de "voilà qui je suis vraiment", ou est-ce qu'au contraire, on essaie de plus en plus de coller dans la vraie vie à l'image qu'on se donne sur les internets (#mindfuck) ? Comment faire pour déconstruire les injonctions patriarcales sans retomber dans d’autres injonctions encore plus pesantes ? Le combat contre les normes qui nous étouffent et nous violentent peut-il créer autre chose que de nouvelles “normes” ? Et d’ailleurs, c’est quoi cette obsession pour la “normalité” ? Et est-ce que tous les petits trucs qui “clochent” chez nous demandent à être diagnostiqués et soignés ?
Partant de sa propre expérience de femme cis, de ses pérégrinations sur le fantasme, l’inconscient, le patriarcat, le polyamour ou encore la maternité, Mardi Noir nous emmène sur la piste d’une réflexion sur la normalité (ET l’anormalité), et nous invite à ‘accepter’ les choses qui nous encombrent, qui nous font vibrer et flipper : nos corps, nos désirs, nos angoisses.
On sort de ce livre, certes, un peu dérangé·e, mais avec l’impression d’avoir bu un grand bol d’air. Avec l’envie de se dire qu’on n’est peut-être pas normal·e, qu’on n’est peut-être pas normé·e, mais que dans le fond, c’est ce qui fait le sel et l’originalité de qui nous sommes, et que c’est aussi ça, la fckn aventure humaine.
Êtes-vous bien sûr d’être normal ? Comment la psychanalyse m’a guérie des conventions, un livre de Mardi Noir, à découvrir aux éditions Flammarion.
La revue de poésie qui va vous mettre (super) bien
Ce n’est pas un livre, mais presque : c’est une revue - pardon, un trésor ! - blindée de textes de ouf qui mettent les poétesses à l’honneur. Le tout illustré par l’artiste réunionnaise Slava Tchakaloff, pour le plus grand plaisir de vos yeux ébahis (#satisfaction).
Pour ce numéro, les éditrices de la revue ont choisi de travailler sur l’adjectif “douces”. Pourquoi ce mot ? Parce qu’il cristallise la question des injonctions patriarcales qui pèsent sur les personnes qui se construisent socialement en tant que femmes, et ce, dès le plus jeune âge. Douces comme des jambes bien épilées, comme des meufs qui ne l’ouvrent pas trop, comme dans “sois belle et pis fais pas trop de bruit”.
Alors pour mieux faire éclater ces diktats, elles se sont entourées de poétesses qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Des poétesses en colère ou en rage, espiègles ou féroces, mais toujours fières. Lisette Lombé, Catherine Pozzi, Murasaki Shikibu ou encore Joyce Mansour se côtoient dans ce recueil-revue qui fait fusionner des voix de femmes de tous les siècles.
Revue Soeurs #2 : Douces, édition hiver 2021, à découvrir (ainsi que le premier numéro) par ici !
Un guide de ouf pour tout piger aux transidentités
Tout y est, dans ce livre : de l’histoire, de la socio, un guide pratique pour utiliser le vocabulaire comme une arme de bienveillance et pas de violence massive, des mines d’info pour comprendre / bien vivre son coming-out ou initier sa transition… En bref : l’autrice - aka Lexie, du compte @agressivelytrans - a conçu une bible de ouf pour questionner et repenser les constructions sociales et normes intégrées sur la question du genre. Des constructions qui (spoiler) traînent souvent dans leur sillage un sacré paquet de comportements/expressions/croyances aussi violentes que fausses (#transphobie).
Car, comme le souligne Lexie, “aujourd’hui encore, la construction d’une biologie genrée entraîne une hiérarchisation entre les identités et les corps, où certains sont jugés plus « vrais » ou plus « sains » parce que majoritaires.” En d’autres mots : le monde dans lequel nous vivons cloisonne les frontières de genre (“d’un côté les filles, de l’autre les garçons”), au point de considérer comme illégitimes ou déviantes les personnes qui ne se reconnaîtraient pas dans cette norme binaire. Ce qui rend le monde dans lequel nous vivons a minima non inclusif, et dans le pire des cas (#souvent) violent.
Mais parce que c’est normal de ne pas tout piger aux transidentités, et que c’est encore mieux d’écouter les concerné·es pour VRAIMENT comprendre, on vous recommande chaleureusement de lire et d’offrir ce livre. Un livre pour dire stop aux arguments biologisants (qui n’ont de naturel que leur transphobie intégrée), et pour dire oui à la compréhension et l’inclusion de toutes les identités. Un livre qui s’adresse aussi bien aux personnes qui ne se reconnaissent pas dans les stéréotypes de genre qu’à toustes leurs allié·es (actuel·les ou en devenir, tmtc :)). Du savoir, de l’amour, et de l’espoir ? Signez ici.
Une histoire de genres, Guide pour comprendre et défendre les transidentités, un livre de Lexie, à découvrir aux éditions Marabout.
Un essai menstruel décapant et nécessaire pour faire la nique aux tabous
Comment vous dire que ce livre est l’une des choses les plus drôles et les plus instructives qu’on ait eu l’opportunité de lire depuis (much) longtemps ? Pas étonnant en même temps, avec Louise Mey et Klaire fait Grr aux manettes : cet essai illustré est d’ailleurs une adaptation de leur pièce de théâtre éponyme.
Au programme : se tordre de rire sur des sujets sérieux (ce qui reconnaissez-le, est plutôt sympa quand même), apprendre en détail, en mots et en dessin des infos précieuses sur notre anatomie, nos règles, et notre santé sexuelle et reproductive, et puis surtout (surtout) mettre le bon-vieux-vilain tabou des règles au placard, en n’ayant jamais peur d’employer les bons mots. De quoi prendre le train de l’assumance si l’utilisation du mot “chatte” vous met mal à l’aise en société (héhé).
Pourquoi justement, les autrices sont-elles “obligé·es” d’utiliser le mot chatte ? Parce qu’il n’y a tout simplement aucun mot qui existe pour désigner l’ensemble des organes génitaux et reproductifs des personnes qui en ont une, de chatte. On dit vagin, on dit vulve, on dit clitoris, on dit “minou”, et d’autres expressions aussi parcellaires que ridicules, mais ça ne change rien au fait qu’il n’existe aucun mot pour désigner ces organes dans leur ensemble. Autre question posée par ce livre : pourquoi est-ce qu’on n’a toujours pas d’emoji dédié pour parler de nos règles alors qu’il y a à peu près 9 types d’emoji différents pour illustrer les balles de sport (#ouivraiment) ? Et même un emoji patate douce ?
On vous laissera sur ces considérations aussi anecdotiques qu’importantes, en espérant vous donner envie de courir chercher ce livre. Non, vraiment, il est d’utilité publique.
Chattologie, un essai menstruel avec des dessins dedans, par Louise Mey et Klaire Fait Grr (adapté de la pièce de théâtre éponyme), à découvrir aux éditions Hachette Pratique.