7 livres à bouquiner-dévorer dans un parc ce printemps
La read list de mars
On n’est pas bien là ? À s’affaler dans l’herbe, à roucouler sous le soleil du printemps, et surtout (surtout) à bouquiner-dévorer des pages splendides écrites par des autrices de talent ? Le talent chante autant que les oiseaux dans la read list de ce mois-ci, alors chaussez vos lunettes de soleil, foncez chez votre libraire préf’, et courez vous vautrer dans un parc avec ces 6 livres calibrés pour s’ajuster à l’éventail de vos envies et de vos humeurs. Adieu dépression saisonnière, bonjour fièvre littéraire !
Si vous voulez vous rouler dans l’herbe et le verbe
« Un matin d’avril
je vérifie comment
se conjugue s’en foutre
à la première personne
du singulier »
Bon. Rim Battal a (presque) tout dit. On met le nez dans ce recueil-anthologie et on n’en sort plus : tout nous parle. On se promène dans ces textes qui parlent à nos amants, à nos égarements, nos identités et nos failles. Dans ces vers qui parlent à nos corps, qui parlent à notre mère (...et même à Melania Trump, si vous saviez). Choisissez un coin de soleil et laissez-vous guider : votre couvert poétique est servi !
Mine de rien, un recueil de poèmes de Rim Battal à découvrir aux éditions Le Castor Astral, 9 €
Si vous voulez dire au revoir à quelqu’un
Joie supplément hypersensibilité de retrouver les mots et le coup de crayon de la géniale Mirion Malle ! Dans ce tout nouveau roman graphique, l’autrice nous embarque dans l’histoire de Cléo, jeune dessinatrice de BD (tiens, tiens), qui réalise à la faveur d’une rencontre que son partenaire de vie, avec qui elle partage son appart’ et son groupe d’ami·es (toute sa vie, quoi)... n’est pas celui qu’elle pensait.
Féminisme et hétérosexualité, nécessité de la rupture, désir déchirant-créatif de se réinventer et sauvetage des eaux troubles via la beauté de la sororité : autant de thèmes précieux que cette BD sait aborder avec douceur et justesse pour nous toucher en plein cœur. Parce que Mirion Malle sait dire ce que ça fait de dire adieu à quelqu’un qu’on aime pour se retrouver, se redécouvrir soi-même.
Si vous voulez lire comme on écoute une playlist
Ah ça, on a tapé du pied dessus. On a dansé bien comme il faut. On en a beuglé du “One more tiiiiiime”.
Alors pourquoi pas aller au-delà des casques et des beats qui claquent pour lire une superbe enquête-biographie sur le duo le plus famous et fameux des musiques électroniques ? Ce livre écrit à quatre mains promet de vous promener dans le Paris des nineties et de vous faire valdinguer de nuits de teufs en élucubrations créatives - tout en tirant le portrait de toute une génération de musiciens et de danseur·euses. À lire les écouteurs vissés dans les oreilles en fin d’après-midi, juste avant de rejoindre vos potes sur le dance-floor.
Daft, un livre de Pauline Guéna et Anne-Sophie Jahn à découvrir aux éditions Grasset, 18,50 €
Si vous voulez larguer votre déprime sur le bord de la route
Non. Ce n’est pas vrai. Sylvia Plath n’est pas morte. Elle n’a pas décidé de se donner la mort un soir d’hiver à Londres, en 1963. C’est en tous cas le parti qu’a décidé de prendre l’autrice Coline Pierré dans son joyeux roman Pourquoi pas la vie, au creux duquel elle recrée tout un monde d’écriture, de joies, de sororité et de victoires pour cette génie du verbe partie trop tôt.
D’abord, bien sûr, c’est difficile : Sylvia n’a pas le moral, les antidépresseurs la fracassent, Ted Hughes est un gros relou, et la vie ne semble tenir qu’à un fil si fragile. Puis soudain, tout va mieux. Des ami·es, des rencontres, des projets, des concerts : on réalise en dévorant ces pages précieuses que le désir de refaire le monde du sol au plafond à grands coups de sororité et de créativité ne tient pas à grand-chose… mais que ça change (tellement) tout. La lecture idéale pour larguer la dépression saisonnière sur le bord de la route.
Pourquoi pas la vie, un roman de Coline Pierré à découvrir aux éditions L’Iconoclaste, 20 €
Si vous voulez faire du sexe sans laisser vos idées sur le pas de la porte
C’est une vingtaine de textes courts, à la plume acérée, qui nous donnent parfois l’impression de plonger dans un journal intime… Mais pas n’importe lequel : celui de l’autrice-enseignante-chercheuse-performeuse de talent qu’est Wendy Delorme.
On y trouve du sexe, du sexe politique, de la colère et de la queerness à toutes les pages et à tous les étages. C’est dévorant et ça se dévore en une après-midi, comme une découverte-introspection placée sous l’égide de ces micro-fictions brûlantes qui donnent toutes les (bonnes) raisons de redéfinir le territoire de sa sexualité comme un lieu d’insurrections par les mots et par la chair.
Si vous voulez envoyer chier les relous bien comme il faut
Il fait beau, il fait chaud, on ressort les fringues légères et voilà que réapparaissent les gros relous qui n’en finissent jamais (enfin, un jour, on espère), de prendre nos fringues pour une invitation.
Envie de les punchliner bien comme il faut ? Here comes le guide spécial écrit par Marion Escot et illustré par Laure Cozic : un mode d’emploi de l’éloquence punchlinesque féministe qui promet de vous informer et de vous inspirer (en tous cas pour les jours où vous aurez la foi ou le courage de répliquer). Et en attendant de vous choper le bouquin, vous pouvez déjà traîner sur le compte Insta de l’autrice.
Si vous voulez en rester bouche bée
On ne rentre pas dans ce livre par hasard… et on n’en ressort pas indemne non plus. On s’y sent comme dans une séance de plongée en apnée dans la banalité de la violence machiste (TW violences sexuelles) et de la violence de classe, et c’est… dur, bouleversant et puissant comme rarement.
La colère pullule entre ces lignes et se crache, intacte, à balles réelles - imitant parfaitement celle de l’adolescent frustré et abîmé par la vie qu’est le narrateur de ce livre à l’écriture effrénée comme un sprint. On est sous tension et sous pression jusqu’à l’explosion la détonation finale qui nous laisse… wow. Muettes. Pas étonnant que Virginie Despentes ait adoré ce livre, elle aussi.
