Posons les bases : la cuffing season est une injonction au couple monogame. Mais pourquoi, dans une relation officiellement à court terme et peu investie, serait-on obligé·es d’être exclusif·ves ? Si on veut avant tout de la chaleur, ne pourrait-on pas avoir une ribambelle de partenaires, ou déjà ne pas chercher à se plaquer l’étiquette “couple” obligatoirement ? Parce qu’aux dernières nouvelles, un plan cul a la même température corporelle qu’un boyfriend. Bien sûr, go fréquenter une seule personne pour le trimestre si c’est le mood. Le problème, c’est que ce modèle hétéronormé soit présenté comme the only solution à un problème de chauffage (émotionnel ou énergétique, c’est vous qui voyez).

 

Les injonctions relationnelles, en imposant un modèle unique à des individu·es diversifié·es, n’aident personne. Pire, ça peut être dangereux d’entretenir le mythe que le couple traditionnel est cadre positif par essence. Car quand on voit, notamment dans les couples hétéros, les violences qui y surviennent (en moyenne, 213 000 françaises par an sont victimes de violences pas un conjoint ou un ex), ça serait bien de prendre du recul. Cette idéalisation, héritée d’un imaginaire patriarcal, ne contribue pas à approcher les relations sentimentales et/ou sexuelles avec la nuance qu’elles, et que nous, méritons.

By the way, c’est assez contradictoire : on invente un problème, on érige le couple exclusif comme sa solution ultime, mais on lui donne une date de péremption ? Parce qu’en février, après la Saint Valentin, certain·es parlent de “cancel or commit”. Comprendre : soit vous vous arrêtez, soit ça devient super sérieux. Et si on arrêtait de se mettre des deadlines pour laisser nos sentiments se développer ou se résorber à leur rythme ?

 

Cette injonction n’aide pas non plus les gens qui aimeraient un couple approfondi. Elle peut être un obstacle à la transparence, envers les autres mais aussi soi-même : avec toute cette pression, on peut paumer nos vraies envies, donc s’embarquer dans des histoires messy ou se poser avec des gens qui ne nous correspondent pas. Et apparemment, ça arrive à pas mal de monde.

 

 

L’art d’inventer un problème

 

Again, aucun problème si vous avez envie d’un couple pile à l’automne. Mais avant d’être bombardées par ce diktat, combien de personnes voulaient vraiment ça ? C’est la base d’une injonction : inventer un problème - “C’est forcément triste de ne pas avoir de partenaire romantique à Noël ou pour binge watcher Netflix sous un plaid” - qui génère une impression de manque ou d’échec, pour inciter les gens à se conformer à des normes sociales. Qui peuvent en plus être toxiques ou sexistes, youpi.

Dans une étude menée par une appli de rencontre, 47% des gens affirment qu’iels cherchent un·e partenaire à cause de la pression de leurs proches, et pas par réelle envie. Donc arrêtons de croire que le bien-être de tout le monde dépend des mêmes paramètres, et allons-y mollo sur les questions intrusives aux repas de famille. Ça affecte le moral de gens qui sinon n’auraient pas vu de problème.

 

Et ce diktat zappe les personnes asexuelles, aromantiques, les célibs qui kiffent, les polyamoureux·ses, celleux qui ont besoin de guérir avant de recommencer à dater… pas mal de monde, finalement. Ça peut être cool, de prendre du recul sur une approche systématique qui participe à une vision péjorative du célibat. Parce qu’un célibat choisi, comme un couple choisi - ou un plan cul, ou autre, vous captez -, c’est une voie carrément épanouissante. Notamment pour les femmes hétéros, vu les stats qu’on vous partageait plus haut.

 

Vive les amours platoniques

 

C’est sûr, l'automne/hiver peut être une période difficile à passer : plus de la moitié des francais·es estiment déjà que la saison affecte leur moral. Mais plutôt que de focus sur une injonction aux relations romantiques, on aimerait ouvrir le champ des possibles. Rappeler que les amitiés et la famille (choisie) sont des éléments tout aussi importants de notre support system. Qu’on n’a pas besoin de romance ou de sexualité pour créer des liens précieux, et que les soirées à mater des films sous un plaid se font aussi avec les potes. Que les moments passés seul·e chez soi avec un carnet, un bon livre et une bouillotte, c’est l’occasion de savourer sa propre compagnie et du self care sans se sentir observé·e.

 

Il n’y a pas de façon unique de traverser les mois gris. Le goal, c’est que chacun·e se sente libre d’explorer ce qui fait du bien à sa santé mentale, sans se taper un stress supplémentaire déguisé en conseil self care. Et si vous manquez d’inspi, on vous file nos recos pour combattre le blues automnal de plein de façons différentes.

 

Claire Roussel