Où en est notre self estime après un an sur Zoom ?
Rejoindre avec la caméra ?
Ça fait un an qu’on ne voit que “ça”, ça étant notre tête, dans une fenêtre, sur un écran, filmée en front caméra par le bas, éclairée par une lumière ultra white, et souvent plusieurs heures par jour. Healthy? Not really. Aux USA et au Royaume-Uni (parce qu’on n’a pas encore de chiffres en France), les demandes de consultations en chirurgie plastique ont augmenté de 70% pendant le confinement d’après la BBC, à tel point que les chirurgien·ne·s surnomment cette explosion le “Zoom boom”.
En temps normal #viedavant, on contemple notre reflet le matin dans le miroir quand on se prépare, deux-trois fois dans notre tél pour un selfie quand la journée est bonne, le soir pour se démaquiller ou un peu plus longtemps si on se prépare pour aller en soirée (snif). Bref, des moments choisis (c’est important), où notre cerveau est prévenu qu’il va y avoir matage de visage. A ça peut s’ajouter le hasard d’une vitrine en marchant dans la rue ou d’un miroir d'ascenseur en montant chez des potes. Des moments souvent bienvenus pour réajuster ce qu’on a envie d’ajuster, ou simplement se kiffer parce que c’est éphémère et pas forcé.
Quand on compile ce temps où l’on se voit par choix ou hasard (et non par obligation), ça fait peut-être 3h/jour grand max (si on a une grosse routine makeup ou qu’on taffe sur Instagram). Et encore, pas tous les jours, et surtout, pas tout d’un coup.
Sur Zoom ou Google Meet, les étudiant·e·s y passent la journée, les gens qui télétravaillent enchaînent les réunions de 30min à plusieurs heures et le soir, si on veut voir ses potes à l’époque des confi-feu, c’est encore dans des apéros virtuels, sans parler de nos cours de yoga, de cuisine, ou de n’importe quelle activité pour se sortir la tête du seau.
Résultat : depuis un an, on passe littéralement nos journées à contempler notre reflet. Parce que qui regarde vraiment ses collègues dans les yeux quand on peut scruter la moindre ride ou ombre de nez sur son visage ? Une étude publiée dans le Behaviour Research And Therapy Journal a découvert qu’il fallait 25 secondes devant le miroir aux personnes souffrant de dysmorphophobie pour se sentir mal, et pas plus de 10 minutes pour les personnes qui avaient pourtant une relation saine avec leur image. 10 minutes. C’est tout ce qu’il faut pour se trouver des défauts, bloquer dessus, et faire naître des angoisses.
Deux choses à en tirer : vous n’êtes pas seul·e, vous n’êtes pas affreux·se, vous n’avez pas “besoin” de vous refaire le nez (à moins que vous le prévoyiez depuis un moment et que ce soit une décision réfléchie). Et subir cette nouvelle réalité n’est pas une fatalité, il y a des solutions pour se sentir mieux.
Pour commencer : stop vous excuser de votre apparence quand vous rejoignez une réunion. “Déso, j’ai les cheveux qui font n’importe quoi”, “Sorry, j’ai zappé le makeup aujourd’hui”, “Pardon, j’ai l’air super fatiguée mais je suis concentré·e”. Stop tout ça. Vous ne devez à personne d’être joli·e, et encore moins à vos collègues de taff ou camarades de fac. Et en faire une faute ou un manque de respect (mais genre), c’est donner encore plus d’importance à votre manque de confiance en vous, qui ne mérite vraiment pas tant d’attention.
Ensuite, meilleure arme anti JPP-de-ma-face : la petite option pour masquer sa caméra sur Zoom. Les autres vous voient toujours, mais vous, non, et c’est life changing. Quand vous êtes en mode Galerie (bouton en haut à droite de l’écran), faites un clic droit sur votre vidéo et sélectionnez Masquer l’auto-vue. Sur Google Meet, pareil : clique droit sur votre vidéo et sélectionnez Supprimer la tuile. Bim, c’est comme si vous étiez en réu tradi.
Enfin, si vous avez besoin de vous réconcilier avec votre image après cette année de potentiels dégâts, la thérapeute Alyssa Lia Mancao conseille de se mettre face à un miroir et de décrire son visage avec objectivité. On oublie les “mon nez est trop long” ou “j’ai des rougeurs plein le menton” et on liste simplement : “J’ai un front, deux yeux, des sourcils, un nez, une bouche, des oreilles…”, en se focalisant, non pas sur leur apparence mais sur leur fonction : “J’ai deux yeux qui me permettent de voir le monde, des oreilles que je tartine de Céline Dion, une bouche qui a kiffé le dernier chili sin carne, un menton qui va se caler sur un gros coussin pour mater un film sur Mubi…”. A répéter dès qu’on sent qu’on dérive vers l’auto dépréciation.