Le bad boy

 

Mix de danger et de sex appeal, le bad boy ne manque pas dans la pop culture. Il est malin, séducteur et arrogant, car tout le monde le trouve frais et il le sait. Les scénaristes hollywoodiens s'acharnent à le présenter comme le mec désirable ultime, en lui attribuant souvent de nombreuses “conquêtes”, féminines bien sûr. Chuck Bass dans Gossip Girl, Barney Stinson dans How I Met Your Mother ou Spike dans Buffy sont des exemples impec’ de ce stéréotype.

 

Mais le bad boy est surtout un véritable c*nnard, voire un danger public : Barney monte des mensonges improbables pour coucher avec des femmes qu’il maltraite et Chuck essaye littéralement de violer Serena et Jenny au début de Gossip Girl. Parce que spoiler : un mec dangereux, c’est pas sexy, c’est violent.

Le mec ténébreux

 

Equivalent dark du bad boy, il est sensé être attirant pour son côté mystérieux mais est surtout incapable d’exprimer ses émotions correctement. Dans le chouette livre Réinventer l’amour, Mona Chollet parle de “l’effet Don Draper”, en réf' au héro de Mad Men et ses trois expressions faciales. En gros, le gars nous met dans un tel désert émotionnel que la moindre goutte d’eau (un vague geste tendre, un tremblement dans la voix) ressemble à une oasis… Super niveau d'attentes pour les relations IRL.

Le nice guy

 

Fantasme incel par excellence, la figure du nice guy s’éloigne des personnages précédents. Peu viril et souvent timide, il a tendance à faire une fixette sur un personnage féminin. Dans 500 Days of Summer, Tom se croit au début d’une love story avec Summer, qui dit pourtant ne pas chercher l’amour. D’ailleurs, quand un nice guy sort avec son obsession, c’est pas brillant : en couple avec Rachel dans Friends, Ross est possessif, entrave sa carrière et la trompe. Côté Gossip Girl, Dan Humphrey monte un site web pour chroniquer la vie de sa crush puis copine Serena et utilise ses secrets les plus intimes pour devenir un auteur à succès.

Le génie

 

Brillant, efficace, et absolument dénué d’empathie. Si c’est sympa quand les hommes font tourner leurs méninges, le génie est caractérisé par une froideur assez monumentale et une capacité à blesser profondément les gens qui se trouvent à portée d’oreille. Ce personnage à la Sherlock Holmes ou Dr House oppose souvent l’émotivité à l’intelligence, sous-entendant que notre activité cérébrale baisse lorsque l’on… accepte nos émotions ?

 

 

Il est où le problème ?

 

Si ces archétypes peuvent ajouter du piment à un scénario, c’est leur présentation qui pose problème : la quasi totalité des exemples qu’on vous a cités sont des héros ou les love interests d'héroïnes iconiques de la pop culture, sous entendant que leur ressembler, c’est bénef’, et les désirer, makes total sense. Leurs actions toxiques sont peu réprimandées et on insiste sur leur beauté, leur intelligence ou leur panache, une profondeur qui est rarement accordée aux personnages féminins qui doivent se coltiner leurs attitudes.

 

D’ailleurs, ces stéréotypes sont tous hétéronormés et entretiennent l’un des mythes les plus toxiques de l’histoire : l’amour d’une femme, si elle est à la hauteur, peut sauver un homme (oui, de ses propres mécanismes violents qu’il dirige souvent sur ses relations, cherchez l’erreur). Dans la vraie vie, quand on veut changer, ça n’est pas une copine mais plutôt une psychanalyse et/ou une bonne dose de remise en question qu’il faut aller chercher.

 

Heureusement, ces représentations qui ont marqué toute une génération commencent à dater. Des personnages masculins valorisés pour leur bienveillance débarquent à l’écran : Jackson, beau gosse du lycée de Sex Education qui est capable de questionner son hétéro-normativité, Eric et sa liberté flamboyante, Ethan d’Euphoria qui gère le conflit sans violence, Dustin dans Stranger Things, Chidi dans The Good Place… Hâte de binger moins de séries qui glamourisent la masculinité toxique, et plus de scénarios qui laissent leurs personnages masculins s’épanouir hors des normes patriarcales.
 

 

Claire Roussel