Un peu d’histoire 


C’est au début des années 1950, après la seconde guerre mondiale qu’une large population venue des Caraïbes (principalement de la Jamaïque et Trinidad-et-Tobago) a été « affrétée » à Londres, avec pour but de reconstruire le pays. Celle qu’on appelle la « Windrush Generation » a été victime de lois xénophobes, discriminations au logement et au cœur de tensions raciales avec des partis d’extrême-droite, mais compose le meilleur de ce qui fait la Brit Culture. Si le Carnaval de Notting Hill est devenue une exaltation le temps d’un week-end, son histoire est marquée par ce contexte qui est souvent invisibilisé. Le meurtre raciste de Kelso Cochrane qui vivait à Notting Hill a poussé Claudia Jones, activiste trinidanienne, à organiser le premier carnaval en 1959, afin de calmer les discordes. 

Aujourd’hui, c’est le deuxième plus grand carnaval au monde (après Rio tout de même) et le premier d’Europe, qui accueille plus de deux millions de personnes chaque année. C'est aussi le pionnier des Sound systems dès 1973 et plateforme des meilleurs artistes avec des concerts gratuits. A l’époque, on pouvait voir sans sourciller Jay-Z ou les Destiny’s Child (pré-Michelle Williams) ...et même Sean Paul cette année !

Dèslors, le carnaval a commencé à se mettre en place avec une journée consacrée aux familles et l’autre aux défilés de costumes, faisant de ce long week-end une fête rassembleuse où tout le pays et des personnes du monde entier se retrouvent. On croise notamment beaucoup de Français dont une large population des Outre-mer. 



The Place to be 

Plus qu’un carnaval, c’est aussi un lieu où la beauté s’exprime avec des tenues qui appellent à se sentir libre dans son corps. Charlotte Mensah, artiste coiffeuse qui a un salon en plein Notting hill et voit passer entre ses mains de fée des artistes comme Erykah Badu ou Janelle Monae, nous dit que cet événement est le laboratoire des tendances d’hier et d’aujourd’hui, dont les communautés afro-descendantes sont souvent les précurseuses. Cheveux, ongles, maquillage, vêtements, mais aussi musique ou danse, ce carnaval, c’est un peu Instagram dans la vraie vie. 



Et malgré les quelques incidents incontournables de tout événément festif de cet ampleur, l’ambiance reste incroyable et… le meilleur week-end avant d’affronter à nouveau la vie métro-boulot-dodo. On prend un dernier jerk chicken (spécialité jamaïcaine) et on se dit à l’année prochaine for sure !


Et pour vous donner envie de prendre direct des billets pour l'année prochaine...







Pour se coucher moins bête : 

    •    La série de films Small Axe de Steve McQueen, qui retrace le parcours des immigrés caribéens entre les années 1960 et 1980. 

    •    Paris-Londres, music migrations 1962-1989, le livre tiré de l’exposition du même nom (2019) qui revient sur les liens entre les deux capitales et l’impact de l’immigration sur la culture locale.  

 
Crédit texte et photos : Jennifer Padjemi