La read list de janvier : nos 4 livres de chevet pour l’hiver
La botte secrète anti-écrans et anti-déprime
On n’sait pas vous, mais en ce qui nous concerne, on a bien l’intention de mettre à profit ces journées de il-fait-nuit-à-16-heures pour se remettre à lire. Pour se rouler dans des bouquins de ouf, s’endormir dessus à la sieste ou le soir, s’enquiller des pages frénétiquement, dans le canapé, dans le lit, le bus, ou à la place d’une session binge watching. Au menu du jour : la Bible du cul que vous attendiez et qui promet de vous occuper tout l’hiver, un tout nouveau tout beau essai autobiographique de Dorothy Allison ; le premier, génial et nécessaire roman de Nesrine Slaoui ; mais aussi un peu de philo sur la nuit, pour se souvenir que l’avenir appartient aussi à celleux qui se couchent tard (coucou !).
La bible du kif et de la jouissance version deluxe
Devinette : qu'est-ce qui est ENCORE mieux que @jouissanceclub le compte Insta et Jouissance Club le livre ? Tout simplement cette édition deluxe de ouf, qui vient tout juste de débarquer en librairie. À l’intérieur ? Des infos sur la vulve, le pénis, leur fonctionnement, et leurs potentialités orgasmiques, mais aussi des schémas, des idées, des contenus hilarants et politiques pour déconstruire et réinventer sa sexualité seul·e ou à plusieurs, et surtout, au-delà de la pénétration.
En bref : le même contenu que celui que vous pouvez trouver dans l’édition de l’an passé, MAIS dans un design plus-beau-tu-meurs, et avec une couverture de type bien solide, très adaptée à embarquer ce livre dans son lit / ses travaux pratiques masturbatoires. 😏
Si vous n’avez jamais mis la main sur ce bouquin, c’est le parfait moment pour investir. Et si vous l’avez déjà, autant vous dire que vous allez avoir aussi bien envie de l’offrir (bon, ok, pas à n’importe qui non plus) que de le redécouvrir.
On nous dit dans l’oreillette qu’un troisième confinement serait peut-être dans les tuyaux ? Qu’à cela ne tienne, on aura au moins de quoi l’affronter avec classe.
Jouissance Club, une cartographie du plaisir, Édition Deluxe, un livre de Jüne Plã, préfacé par Martin Page, aux éditions Marabout.
Comme un portrait de famille avec Dorothy Allison
C’est un essai. Un récit autobiographique. Un livre percutant et intime comme un journal, le tout truffé de photos et de souvenirs de famille. Un court texte poignant où l’autrice s’amuse à faire flirter sa vie et ses souvenirs avec la fiction, le politique et le poétique, pour en faire jaillir une nouvelle lecture. Pour se réapproprier son histoire et son corps, avec ses propres mots.
On embarque le pas sans réfléchir à Dorothy Allison, pour voyager dans sa Caroline du Sud natale, naviguer entre les souvenirs qui lui restent des femmes de sa famille, de ses amantes, de sa vie ; mais aussi de la nécessaire et douloureuse reconstruction qui s’impose, quand on grandit dans un contexte de misère sociale, de violences sexuelles et familiales (#triggerwarning).
Un hommage à ces femmes précaires, sublimes, détruites, guerrières. Une petite centaine de pages blindées d’amour, d’humour, et de résilience, à s’envoyer d’une traite, la larme à l'œil, en une après-midi.
Deux ou trois choses dont je suis sûre, un livre de Dorothy Allison, traduit de l’anglais par Noémie Grunenwald, à découvrir aux éditions Cambourakis.
Un parcours de transclasse avec Nesrine Slaoui
Ce premier roman de la millennial Nesrine Slaoui a été écrit pendant le premier confinement, en mars dernier.
Comme beaucoup d’entre nous, elle choisit d’aller se confiner avec ses parents, dans la petite ville de France où elle a grandi. Mais pour elle, écrire à ce moment-là n’est pas un passe-temps anodin pour confiné·e privilégié·e : franco-marocaine, fille et petite-fille de pères et de mères ouvrier·e·s, elle raconte, avec un oeil aiguisé et sa plume de journaliste, son parcours de “transclasse” (= une personne qui vit un changement de milieu social au cours de sa vie).
Ce roman part de l’intime pour raconter une réalité sociale : aujourd’hui encore, selon l'Observatoire des Inégalités en France, on compte 50 fois plus d’enfants de cadres que d’ouvrier·es à Polytechnique. 20 fois plus dans les Écoles Normales Supérieures. Et seulement 4% des diplômé·e·s d’un Bac +5 sont enfants d’ouvriers non-qualifiés. Égalité des chances ? Mouais.
Pourquoi est-ce que l'ascenseur social est un mythe ? Comment se construit-on quand on est une espèce de “bug dans la matrice” ? Comment honore-t-on le sacrifice de parents qui vous ont tout donné quand ce qu’iels vous ont transmis est si loin de votre “nouvelle vie” ? À l’heure où la pandémie attise la précarité comme une plaie béante (et particulièrement pour les étudiant·e·s), ce livre débarque en librairie comme une pépite tombée du ciel. Un petit tour sur cette interview de l’autrice par Charlotte Pudlowski sur Nova pour vous mettre en jambes peut-être ?
Illégitimes, un roman de Nesrine Slaoui, à découvrir aux éditions Fayard.
Parce que la nuit c’est (vraiment) pas fait que pour pioncer
Last but not least, ce petit livre de génie n’est pas une nouveauté mais n’a pas besoin de l’être pour coller à l’actu : que reste-t-il de la nuit, de nos nuits folles, dansantes, des insomnies, des balades du soir, de cet amour du noctambulisme ou de l’artiste qui veille, maintenant que tout le pays plie boutique à 18 heures ? (#frustration)
Dans cet essai philo aussi accessible que bien argumenté, le sociologue Michaël Foessel aborde la question de la nuit autrement : pourquoi serait-on plus “respectable” en vivant de jour ? Que nous apporte l’obscurité pour nous exprimer, nous libérer dans la fête ? Pourquoi cette sensation bizarre d’avoir triché quand on est resté debout toute la nuit et que le jour se lève ?
Partant aussi bien de ses nuits folles au Berghain (un club berlinois) que de ses soirées d’insomnies, l’auteur nous livre un plaidoyer d’envergure pour rappeler à celleux qui en douteraient que l’avenir appartient aussi à celleux qui se couchent tard.
La nuit - Vivre sans témoin, un essai de Michaël Foessel, à découvrir aux éditions Les Grands Mots.