5 micro-tutos pour agir contre les violences faites aux femmes
aka se protéger et soutenir ses sœurs
Que vous soyez victime, témoin ou confident·e, on ne sait pas toujours comment lutter pour soi-même et pour les autres contre les violences qu’on subi en tant que femme. Clairement, on ne devrait pas avoir à lutter encore en 2021 pour le simple droit de vivre sans être agressées, violentées, harcelées… Mais le chemin est encore long et les lois pas toujours accessibles : on vous fait ici un récap en 5 situations des moyens de protection et de condamnation à votre disposition. Si vous êtes concernée par une violence qu’on n’aborde pas dans cet article, vous pouvez consulter la plateforme du gouvernement dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes, hyper complète en termes de ressources.
Cet article est soutenu par Stand Up, créé par L’Oréal Paris en partenariat avec Hollaback! et la Fondation des Femmes
Soutenir une amie victime de viol
#1 Trouver les bons mots
Je te crois
Tu as bien fait de m’en parler
Tu n’y es pour rien, c’est lui le coupable
Ce qu’il a fait est puni par la loi
Je peux t’aider
Voilà les réponses conseillées par le collectif Nous Toutes à apporter à une amie qui se confie sur un viol ou une agression.
Une femme n’est jamais responsable des violences qu’elle subit, qu’importe la relation qu’elle a avec son agresseur, le contexte, sa tenue, son degré d’alcoolémie. RIEN ne justifie un viol et le responsable/coupable est TOUJOURS l’agresseur.
#2 Lui rappeler la loi si nécessaire
Le viol est un crime (article 222-23 à 222-26 du code pénal). Il est défini par le code pénal comme : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise ». Ça comprend donc la pénétration buccale, vaginale, anale, par le sexe, par les doigts ou par un objet.
Ça veut donc dire qu’une femme qui cède suite au chantage de son mec pour avoir du sexe, c’est du viol. Une fellation forcée, c’est un viol. Si on démarre un rapport sexuel dans le consentement, qu’on exprime sa volonté d’arrêter et que la personne continue, c’est du viol. Un homme qui retire le préservatif avant ou pendant le rapport sans prévenir sa partenaire, c’est du viol.
#3 L’accompagner porter plainte
On propose, on n’impose pas. Si la personne ne se sent pas capable de porter plainte, on ne lui rajoute pas le poids de la culpabilité en plus. Le processus peut être long et douloureux, ce n’est pas à la victime de s’armer de courage, c’est au système de changer pour se mettre du côté des victimes.
Si ça peut l’aider, vous pouvez lui rappeler qu’elle peut déposer plainte dans tous les commissariats de police et gendarmeries, même dans celle de Vesoul si ça s’est produit à Paris. Elle a le droit d’être accompagnée, et les policier·e·s ou gendarmes sont obligé·e·s par la loi de prendre la plainte tout de suite. Iels n’ont pas le droit de vous demander de revenir demain ou de vous dire que porter plainte ne servira à rien, en vous conseillant plutôt une main courante. Seule la plainte ouvre une enquête et permet de faire condamner le violeur. Toute victime est dans son droit le plus total en portant plainte, l’impunité des agresseurs doit cesser.
Vous pouvez retrouver toutes les infos sur les agressions sexuelles et les recours ici et d’autres conseils pour soutenir des victimes qui se confient ici.
Se protéger face à un partenaire violent
#1 Reconnaître une situation de violence conjugale
Si votre mec vous frappe (même s’il s’excuse après et promet de ne jamais recommencer), s’il vous menace, s’il vous insulte, s’il vous rabaisse en permanence, mais aussi s’il vous interdit de porter certaines tenues, de pratiquer certaines activités, s’il vous demande tout le temps où vous étiez, ce que vous faisiez, avec qui, s’il surveille votre téléphone et gère votre argent, si vous avez peur quand vous rentrez chez vous le soir, vous êtes victime de violences conjugales.
Il n’y a pas de petite violence parce que, souvent, l’escalade est très rapide et très violente. Rien de tout ça n’est normal, rien de tout ça n’est une preuve d’amour.
#2 Trouver de l’aide
Pour sortir du cercle vicieux, vous pouvez directement appeler la police au 17 ou les numéros d’urgence par texto au 112 (ou au 114 pour les personnes sourdes et malentendantes), mais aussi et surtout le 3919 (Violence femme info). L’association Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) assure la permanence téléphonique de cette ligne d’écoute et d’orientation pour toutes les femmes victimes de violence depuis 1992, vous pouvez leur faire confiance.
Vous pouvez également signaler des violences sur la plateforme du gouvernement et échanger avec des policier·e·s et gendarmes spécialement formé·e·s aux violences sexistes et sexuelles qui peuvent déclencher des interventions. C’est anonyme, accessible 24h/24 et 7j/7 et l’historique de conversation peut être effacé en un clin d’œil.
#3 Faire valoir ses droits
C’est toujours difficile de porter plainte, encore plus contre une personne qui a une emprise sur nous, nous menace de violences, qui parfois est le père de nos enfants, ou qu’on aime et qu’on aimerait pardonner. Mais c’est essentiel pour se protéger. Sachez déjà que le fait que les violences soient commises par votre mec ne vous rend pas responsable de ce qui vous arrive, c’est au contraire une circonstance aggravante pour l’auteur des faits.
Si vous habitez ensemble, vous pouvez demander à conserver le domicile conjugal et à en faire expulser votre futur ou déjà ex, grâce à une ordonnance de protection remise en urgence par un·e juge aux affaires familiales en 6 jours maximum (avant ou après le dépôt de plainte).
Vous pouvez retrouver toutes les informations sur cette page.
Porter secours à une inconnue harcelée SEXUELLEMENT dans l’espace public
Le harcèlement de rue arrive tous les jours, partout, et peut prendre des formes très variées : attouchements non désirés (le fameux frotteur du métro/bus), gestes sexuellement explicites, commentaires déplacés sur votre corps, exhibitionnisme, pression pour accepter un rendez-vous / donner un numéro... Et plein, plein d'autres choses.
Comment savoir quand et comment réagir quand on est témoin de harcèlement de rue ? Observez la réaction de la personne harcelée. Si vous sentez qu'elle est mal à l'aise, effrayée, gênée, en colère, paralysée... C'est sûrement qu'il y a un problème. Sachez que dans la plupart des cas, vous pouvez réagir de manière efficace pour mettre fin à la situation sans vous mettre en danger, ni la personne harcelée. On vous conseille pour ça la méthode des 5D, mise en place par l'ONG Hollaback! dans le cadre du programme de sensibilisation et de formation contre le harcèlement de rue Stand Up.
#1 Dialoguer
Allez vers la personne harcelée et demandez-lui comment elle va, si elle a besoin de quelque chose, si elle souhaite être accompagnée pour déposer une plainte. Si elle ne se sent pas prête à porter plainte tout de suite, vous pouvez lui proposer vos coordonnées au cas où elle souhaiterait le faire plus tard, mais n'insistez pas plus. Vous pouvez aussi la rassurer en lui disant qu'elle n'a rien fait de mal, que ce qui s'est passé est grave et que le harcèlement est puni par la loi. L’indifférence des gens peut parfois être ressentie comme une seconde agression et un peu de soutien, ça fait toujours du bien.
#2 Déléguer
Si vous ne vous sentez pas d'agir seule, vous pouvez demander de l'aide à une tierce personne en lui expliquant la situation, surtout si elle fait figure d'autorité dans le cas présent. Ex : le ou la conducteur·ice du bus, le ou la gérant·e de la salle de sport, un barman ou une barmaid... voire la police si la personne harcelée vous a donné son accord. Si le harcèlement se produit dans les transports en Île-de-France, vous pouvez aussi contacter le 3117.
#3 Distraire
L'idée, c'est de détourner l'attention de la situation de harcèlement. Vous pouvez demander l'heure, une direction ou un renseignement (excusez-moi bonjour le distributeur le plus proche svp ?), faire semblant de connaître la victime et venir lui claquer le coude (à défaut de pouvoir lui faire la bise), bloquer le passage (ahhh oops ma valise est bloquée pardon Monsieur) ou encore vous planter à côté de la situation et simuler une conversation au téléphone en parlant très fort (ALLO MAMIE OUI ??? NON JE T'ENTENDS MAL PARLE PLUS FORT STP !!!). Testé et approuvé.
#4 Documenter
Si vous le sentez, vous pouvez filmer discrètement la scène, histoire d'avoir une preuve à donner à la victime si elle souhaite porter plainte par la suite. Assurez-vous que vous êtes en sécurité pour le faire, que l'on voit assez de contexte (le lieu, n'hésitez pas à mentionner la date et l'heure à l'oral). Surtout, ne faites rien de cette vidéo sans l'accord de la personne harcelée, c'est uniquement pour la remettre à la victime.
#5 Diriger
En dernier recours, vous pouvez vous adresser directement au harceleur pour lui dire que son comportement est déplacé et le sommer d'arrêter. Après ça, demandez à la victime comment elle va. N'appliquez ce conseil que si vous sentez que vous ne mettez personne en danger et ne rentrez surtout pas dans un débat avec le harceleur, au risque de faire dégénérer la situation.
Pour approfondir la méthode des 5D pour réagir face au harcèlement de rue, et tester vos nouvelles skills en situation, rendez-vous sur le site de Stand Up. La formation est gratuite, prend une vingtaine de minutes et peut vraiment changer la donne.
Répondre à l’envoi non-sollicité d’une dick pic
#1 Rappeler la loi
Oui, l’envoi surprise d’une photo de pénis est punissable par la loi. Ce n’est pas considéré comme une agression, mais déjà comme une violence sexuelle et condamné de 750 € d’amende. Vous pouvez l’annoncer telle quelle au mec qui vous en envoie une, histoire de le refroidir sérieusement. Ou vous inspirer de ce faux message automatique.
Sur le sujet, on vous conseille d'ailleurs de faire un tour sur le compte insta @no.dick.pic aka l'auteur de cette caption et grosse mine d’informations.
#2 Bloquer
Pour vous protéger, vous pouvez aussi simplement bloquer ce mec visiblement en grand manque de confiance en lui. Pensez à vous d’abord, vous n’êtes pas obligée d’éduquer la planète entière.
#3 Constituer un dépôt de plainte
Si vous le souhaitez, vous pouvez écrire une pré-plainte sur cette plateforme, vous serez ensuite contactée pour prendre rendez-vous au commissariat le plus proche et confirmer votre plainte. Encore une fois : vous êtes dans votre bon droit. Non vous n’allez pas “ruiner la vie” de ce pauvre type, non vous ne faites pas “une montagne de rien”, vous faites appliquer la loi pour que les violences envers les femmes cessent et vous avez bien raison.
Mettre fin à une situation de harcèlement sexuel au travail
#1 Repérer le harcèlement sexuel
Le harcèlement est un délit pénal basé sur des rapports de domination et d’intimidation avec pour but ou conséquence de dégrader les conditions de vie de la victime, avec un impact sur sa santé physique et/ou psychique.
Le harcèlement sexuel au travail, c’est votre collègue qui fait des remarques répétées à connotation sexuelle sur votre tenue, votre boss qui vous propose de vous filer un gros dossier si vous acceptez un diner avec lui, votre manager qui vous demande de rester plus tard ce soir et vous pose des questions sur votre vie intime, en vous demandant ce que vous aimez au lit. Rien de tout ça n’est ok, normal, attendu dans le monde professionnel, c’est du harcèlement sexuel et c’est sévèrement puni par la loi.
Le fait de plaquer une femme contre un mur pour lui toucher les fesses, les cuisses ou les seins, c’est une agression sexuelle. Les blagues sexistes ou les surnoms comme “ma jolie” ou “ma petite” sont des comportements sexistes mais pas du harcèlement sexuel.
#2 Prévenir sa hiérarchie
La première chose à faire, c’est de prévenir votre responsable, un·e employé·e RH, un·e membre du comité d’entreprise ou un·e délégué·e syndical·e. Vous êtes protégée par la loi et votre hiérarchie doit prendre des mesures pour vous rendre un environnement de travail sain et sanctionner immédiatement l’auteur des faits (c’est l’article L. 1153-5 alinéa 1 du code du travail).
Vous êtes aussi protégée par l’article L. 1153-2 du code du travail contre les licenciements abusifs ou toute autre discrimination de la part de votre entreprise à la suite de votre témoignage.
#3 Faire valoir ses droits et sa protection
Vous pouvez aussi vous rapprocher de la médecine du travail. Un·e médecin peut attester de l’impact du harcèlement sur votre santé psychologique, ce qui pourra être ajouté au dossier, et vous êtes protégée par le secret médical (d’autant plus que la médecine du travail est indépendante, c’est-à-dire qu’elle n’a aucun compte à rendre à votre boîte).
Si votre employeur·e n’agit pas pour vous protéger, vous pouvez aussi monter un dossier devant le conseil de prud’hommes. N’hésitez pas à demander de l’aide et des conseils au 3919 et à consulter ce document très complet.
En ce 25 novembre - comme tous les autres jours de l’année - on pense fort à toutes les femmes victimes de violences, et on ne cessera pas le combat tant que toutes les femmes et les filles ne seront pas en sécurité ✊🏻✊🏽✊🏿