Comment arrêter de s'excuser h24 ?
Déso, pas déso ?
À 8h38, on vous a marché sur le pied : vous avez dit pardon. À 11h25, à la machine à café, votre collègue vous a dit “je peux passer devant ?”, vous avez dit : “oui, bien sûr, pardon”. À 13h38, on vous a mis un lapin pour déjeuner : vous avez envoyé un texto un peu vénère... avant de culpabiliser. Bref à 14h41 : vous renvoyez un texto. Pour dire “excuse-moi, vraiment, je ne voulais pas (...)”. On s’arrête là ? C’est pas une vie, non ?
#1 Stopper le cycle infernal
Loi indéniablement cruelle : plus vous vous excusez, plus vous vous excuserez. Dans le genre “TOC” de la parole, le pardon / désolée (et autres dérivés) arrivent en tête de liste : à force de les dégainer à tout bout de phrase, ils deviennent 1/ une (très) mauvaise habitude, 2/ l’intériorisation d’une idée visant à vous dévaluer en permanence. Parce que le fin mot de l’histoire, c’est ça : à trop s’excuser pour tout, on en arrive au point où l’on est presque désolée d’exister (...d’ailleurs, que celle qui n’a pas déjà fait la blague lève la main).
Comment on fait du coup ? Il y a quelques années, Gabrielle Moss, une journaliste américaine, avait inventé le sorry detox challenge. Le but était simple : bannir le mot fatidique de son vocabulaire pendant une semaine. L'occasion de se rendre compte qu'en fait, on le dit bien plus souvent qu'on ne le pense. Et de faire le point sur les raisons légitimes qu'on peut avoir de s'excuser, et les (trop) nombreuses fois où l'on se dévalue sans justification.
#2 Comprendre les enjeux du sujet
Dites-vous bien que si vous êtes une femme, vous avez bien plus de chance de vous excuser à répétition que si vous étiez un homme. En jeu ? Les constructions sociales liées au genre, évidemment. Parce qu’en gros, très tôt, on apprend aux petits garçons à s’affirmer et aux petites filles à plaire / à séduire… bref à se focaliser sur les sentiments de l’autre mais aussi à bien moins facilement prendre sa place, ou même la revendiquer.
Pour comprendre ? C’est tout simple. Selon une étude canadienne, le seuil à partir duquel les femmes considèrent qu’un comportement est offensant est bien plus bas que celui des hommes. Ce qui signifie en d’autres termes, qu’elles ont tendance à s’excuser bien plus facilement, parce qu’elles considèrent bien plus naturellement qu’elles pourraient avoir été offensantes. La réciproque n’existant pas, évidemment.
#3 Être fière de soi
On a beaucoup entendu parler de lui ces dernières années : le syndrome de l’imposteur, c’est ce foutu truc qui fait que vous ne vous sentez pas à la hauteur, et que vous acceptez bien plus volontiers vos échecs que vous n’êtes fière de vos réussites. Ce truc qui fait que vous dites bien plus facilement “je suis désolée”, que “je suis fière de moi”. Bref, ce truc, qui, évidemment, a de larges répercussions sur vos comportements au travail (et en général).
Comment on fait ? On fait attention aux petits détails. Parce qu’il suffit de pas grand chose pour prendre de bonnes habitudes langagières. Par exemple : si vous devez rendre un travail en retard, au lieu de vous confondre en excuses du type “Vraiment désolée, je ne pourrais pas te rendre ça ce soir, je suis toute mortifiée (etc etc)”, mettez l’accent sur le positif, et tentez plutôt : “Ne t’en fais pas, je te rends la chose au plus vite”. Tout de suite, déjà, c’est moins stressant.
#4 Déso, pas déso
La formulation empruntée à l’anglais (du fameux sorry not sorry ) peut clairement faire office de détox : et si tout le monde l’emploie autant aujourd’hui, c’est peut-être parce qu’on a finalement trouvé un moyen de s’excuser en signifiant en même temps, qu’en vrai, on n’est pas si désolées que ça.
Ce qui veut dire ? Que le fait que vous soyez à même d’appréhender le sentiment de vos interlocuteurs et de faire preuve d’empathie peut-être une véritable richesse, si toutefois elle ne tend pas à vous dévaluer constamment. Alors au lieu de s’excuser, souvent il suffit de dire, en gros : “je comprends ton point de vue, mais je vois les choses différemment”.
#5 S’excuser oui mais quand ?
S’excuser c’est bien, mais ça l’est surtout quand c’est vraiment nécessaire. En fait, c’est un peu comme apprendre à dire non : ça tient quasiment de la rééducation, et l’une des idées auxquelles il faut s’accrocher, c’est que pour que vos excuses aient une véritable valeur, il faut que vous soyiez capable de les dégainer quand elles sont justifiées. Sinon, vous êtes juste désolée de vivre et dans ce cas là, autant vous le faire tatouer tout de suite (LOL).
Le fin mot de l’histoire : Arrêter de vous excuser pour tout, c’est comprendre aussi que vous êtes légitime à dire ce que vous dites, à ressentir ce que vous ressentez… bref, à être qui vous êtes. Et que vous excuser en permanence, c’est à la fois vous décrédibiliser (difficile de vous croire si vous n’y croyez pas vous-même), vous dévaluer à tort (coucou la spirale infernale), et refuser d’embrasser avec la même passion vos réussites et vos échecs. Dites-vous bien qu’il y a un temps pour tout : alors célébrez vos victoires, apprenez de vos échecs, et excusez-vous quand c’est vraiment nécessaire. Mais pas tout le temps et encore moins d’être qui vous êtes.