Le phubbing, cette mauvaise habitude qui abîme vos relations
Pardon, tu disais ?
RDV de la plus haute importance avec votre BFF pour débriefer la soirée d’hier. Vous êtes installé·e sur le canap, vous entamez votre récit avec verve quand soudain, l’air de rien, il ou elle sort son tél et commence à scroller sur Insta tout en opinant du chef. Le culot. Vous auriez bien aimé sortir la carte de la personne grave vexée à base de “Je t’ennuie maybe ??”, sauf que la veille, bah vous faisiez la même… C’est quoi notre problème avec lâcher notre smartphone le temps d’une conversation ? Parlons-en.
Pour la petite histoire, le phubbing est né de la contraction de deux mots : phone et snubbing, aka snober. Le phubbing, c’est tout simplement le fait d’être sur son tél quand on est en compagnie de quelqu’un, de télsnober quoi. Bienvenue dans le monde merveilleux de l’impolitesse 2.0, où cohabitent déjà le fait de ghoster ou de laisser en vue. Et au même titre que ghoster ou laisser en vue, on l’a quasi toustes déjà fait. Mais pourquoi ? Pourquoi on ne peut pas se concentrer sur une conversation ou un déjeuner sans zieuter notre téléphone ?
Ce qui saute d'abord aux yeux, ce sont les mécanismes de l’addiction. Avec ses notifications qui mettent notre cerveau en alerte pour nada, les réseaux sociaux qui grignotent notre matière grise à grand dosage de dopamine et de FOMO, l’habitude du geste qui marque nos neurones au fer blanc comme la clope… Le téléphone nous rend accro et ça devient difficile de s’en détacher pendant plusieurs dizaines de minutes. La peur d’être séparé·e de son tél est à ce point entrée dans les nouveaux troubles psy qu’elle a même un nom : la nomophobie.
Elle peut naître de l’addiction mais aussi de l’anxiété sociale, qui fait qu’on utilise son tél comme un intermédiaire avec le monde extérieur et les autres, voire comme une armure. On se cache derrière pour éviter d’avoir à interagir avec des inconnu·es ou des personnes avec qui on ne se sent pas super à l’aise, ou pour plonger dans un monde virtuel dans lequel on se sent rassuré·e, comme si on était chez soi. Malheureusement, cette fâcheuse habitude ou technique d’évitement peut vexer ou blesser les personnes autour de nous.
Une personne qui nous phube nous donne l’impression de ne pas être intéressant·e, considéré·e, écouté·e, ce qui peut malmener notre estime de soi, et créer des frustrations, voire mener à des ruptures amicales ou amoureuses. Les moments qu’on passe avec les gens qu’on aiment sont précieux. Demain vous ne vous souviendrez pas de la Story de cette influenceuse en bikini à Mykonos, mais le fou rire que vous aurez eu en jouant à Undercover ensemble restera probablement dans les mémoires pendant plusieurs mois. Comment fait-on pour lâcher son tél et profiter de l’instant alors ?
On peut par exemple prendre le réflexe de mettre son smartphone en mode avion quand on a une conversation, ou se caler des no tech hours en famille, en couple ou dans sa coloc pendant lesquelles tout le monde laisse son tél dans sa chambre et se réunit (ça peut même être bénéfique quand on est solo pour déconnecter un peu). Pourquoi pas aussi mettre un panier à dispo chez soi pour que ses potes y déposent leur tél en arrivant, ou faire une pile de téléphones au milieu de la table du bar ou du resto (et la première personne qui prend son tél avant la fin du repas paye l’addition). Ou encore, créer un safe word avec des personnes qui phubent beaucoup, comme un signal d’alarme pour leur rappeler que vous êtes là et que vous avez besoin de leur attention. Genre sortir un "pingouin" de nulle part quand vous sentez que leur concentration dévie.
Si vous sentez pointer l’anxiété quand vous devez lâcher votre tél, c’est peut-être aussi le signe qu’il faut en parler avec un·e professionnel·le pour calmer votre addiction et en comprendre les raisons. Vous pouvez d’ailleurs commencer par en parler avec votre entourage si on vous reproche d’être trop collé·e à votre écran, expliquer que c’est rassurant pour vous de garder cette bouée de sauvetage à proximité, que ce n’est en rien contre elleux. Dans l’idéal, notre téléphone doit rester un outil, certainement pas devenir un handicap. Son but premier est de nous aider à communiquer, ça serait quand même un comble qu’il ait l’effet inverse.