Comment s’habiller pour soi quand on est stressé·e par le regard des autres ?
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Notre monde obsédé par les fringues a créé un paradoxe étonnant : le style peut autant être un moyen de s’exprimer et de kiffer, qu’une injonction stressante et une source de jugement. Ce qui fait que pour certain·es, s’habiller pour leur vibe, et pas pour plaire aux autres, c’est un sacré challenge. Tendances à tout va, normes sociales, angoisses persos… pour atomiser ces mécanismes relous, on a échangé avec Âme Assitan. Coach en mode intersectionnelle, ael a créé Meta Style, un programme qui permet à chacun·e de se forger un style qui convient à son identité, sa personnalité et ses valeurs. Go se saper comme on veut.
Capter ce qu’on aime
Définir ses vraies envies vestimentaires est le first step d’un style bien à soi, avant de se confronter aux regards extérieurs qui font flipper. Comment les identifier ? Moodboards, introspection et psychanalyse vestimentaire - carrément -, sont au menu du coaching d’Âme.
« On part souvent d’un moodboard, j’adore ça. Puis il y a une phase d’introspection : on réfléchit avec les client·es à leur style, depuis l’enfance, l’adolescence, jusqu’à aujourd’hui. On identifie les différentes phases de vie, le style qui en ressortait et ce qui l’influençait dans les émotions, l’environnement, les événements… Identifier ces influences et leurs causes, puis déconstruire tout ça, ça permet d’avoir une meilleure idée de qui on est, de nos goûts profonds. Et on n’est pas obligé·e de supprimer ces influences, juste de prendre du recul pour analyser nos vraies envies ».
En plus de cette approche slow, Âme tient à déconstruire l’idée des styles vestimentaires préfaits, ultra nombreux et catégoriques sur les réseaux sociaux. Genre avant on avait le gothique ou le grunge, assez généralistes, et maintenant il y a le fairycore, le witchcore, le dark academia, la weird girl, le cottagecore… Des ref’s stylées qui peuvent inspirer, mais aussi limiter : « Je suis vraiment dans l’idée de trouver un style qui est unique et individuel. Mais souvent, quand je propose aux gens de trouver leur style, beaucoup me disent “avec un seul style je m’ennuie”. Oui, on a plusieurs styles en nous, car nous sommes multi facettes. Mais il y a un lien entre toutes les esthétiques qui te parlent, ton histoire, tes goûts et ta personnalité. Et ce lien là, c’est ton style unique ».
Ne pas se noyer dans les trends
Une fois qu’on a capté son propre style, on peut s’attaquer à un obstacle bien vener : les tendances, que l’industrie de la mode et les réseaux sociaux nous balancent joyeusement tous les jours. Of course, correspondre à une esthétique valorisée socialement - même si on l’aime pas vraiment -, ça apporte de la sécurité, de l’admiration, une forme de validation. Donc no shame, on capte la tentation.
Mais comment éviter ce piège qui nous éloigne de notre vraie vibe, si une pièce trendy nous fait vraiiiment envie par exemple ? « Dans ce cas, il faut se poser et voir comment on pourrait assortir cette pièce-là avec les différentes facettes de notre style et les vêtements qu’on a déjà. Il faut voir si un vêtement va avec toutes nos spécificités ». Comme ça, on est sûr·e d’acheter pour soi et pas pour la validation des autres.
Et pour éviter l’achat compulsif, on note l’envie dans un doc ou on l’épingle sur un réseau et on attend. « On sauvegarde la fringue, la marque, et surtout le prix. On filtre chaque semaine, et certains trucs vont rester. J’attends un trimestre, voire plus. Si un article reste mois après mois, je vais me poser la question de l’acheter ». Vous pouvez aussi mute ou unfollow les comptes et médias qui vous influencent beaucoup au niveau des tendances pour limiter les frustrations.
Dire merde aux normes sociales
Que ça soit au niveau du genre (pas de couleur ou de moulant pour les mecs, pas de baggys pour les meufs…), des formes de corps (pas de court pour les tailles 44, des push ups pour celleux qui ont peu de seins…), ou de l’agisme, les injonctions vestimentaires discriminantes pèsent lourd. Les identifier est un premier pas pour s’en défaire. D’ailleurs, on parle style et grossophobie ici.
Peu importe son âge, son corps ou son identité de genre, on veut vous dire : kiffez, tout est permis #duh. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire voire dangereux par rapport au sexisme et à la LGBTphobie présents dans l’espace public. Donc chacun·e va à son rythme.
En commençant pas des détails : « On peut trouver des petites choses, qui ne vont pas attirer l’attention et qui permettront de se faire plaisir quand même. Du vernis, des bijoux codés féminin, une jupe mais avec un pantalon dessous… ».
Ou petit à petit : vous stressez de ne pas être à l’aise dans cette mini jupe que vous adorez parce que vous détestez vos jambes ? Essayez déjà de la mettre tout·e seul·e, au calme chez vous, pour voir votre mood. Âme valide : « et peu à peu, on peut élargir le cercle, en descendant acheter le pain, en allant à la supérette du coin… pour voir comment on se sent. Et si un truc ne marche vraiment pas, on ne va pas non plus se forcer pour se mettre mal ».
Prendre du recul sur ses angoisses
C’est intéressant de se demander pourquoi on a peur du regard des autres, et d’essayer de prendre du recul. Âme rappelle que les gens, majoritairement, ne vont pas juger avec l'œil acéré d’une Anna Wintour. « Tout le monde est le personnage principal de sa propre vie, et tout le monde passe beaucoup de temps à s’angoisser sur soi. C’est triste, mais du coup peu de gens se soucient de ce que les autres font ». Et puis il y a des gens sympa qui ne jugent pas, quand même.
Quand elles ne résultent pas des oppressions systémiques dont on parle plus haut, nos angoisses - compréhensibles - peuvent être rationalisées. « C’est intéressant : la plupart des gens que j’accompagne qui veulent trouver leur style ou mieux s’exprimer se mettent des freins, mais minimes.
Quand je leur demande “qu’est ce que tu t’autorises pas à faire ?”, on dit “j’ai envie de faire un trait d’eye liner coloré et j’ose pas” ou “j’aimerais porter des grosses baskets à plateformes mais j’ose pas”. Ok pas de souci, mais du coup c’est quoi le risque ? Exprimer ses peurs de façon concrète avec des mots, ça fait souvent réaliser que ce qu’on veut faire concrètement c’est tout petit, donc pourquoi se saouler à pas le faire ? ».
Et se sentir bien dans ses baskets - à plateformes -, porter ce qui nous fait du bien à nous, ça a tendance à attirer des bonnes énergies : « Si tu te sens bien, tu vas avoir confiance et toi et tu vas rayonner. Les gens vont juste se dire que t’es stylé·e, ça donnera envie. Si l’environnement est à peu près safe, tu crées ta propre norme ». Donc laissons-nous kiffer, ça pourrait très bien se passer. Et si vous êtes vraiment en galère, le coaching d’Âme est ici.
Claire Roussel