La Fashion Week, c'est quoi en vrai ?
Et pourquoi on n'est pas invitées...
Omniprésente sur les réseaux, la semaine de la mode attire toutes les convoitises avec ses soirées démentes et ses shows sublimes, quitte à parfois se sentir jalouse de ne pas en être #FOMO. Alors, à quoi sert la Fashion Week, et qui y est invité·e ? Décryptage de cet événement ultra médiatisé, mais pas toujours ultra clair dans ses intentions.
Les origines
La semaine de la mode sert à présenter les dernières collections des marques de prêt-à-porter de luxe. La haute couture, c'est-à-dire la mode faite sur-mesure et non en série, bénéficie d’une autre semaine. L’événement est organisé dans toutes les capitales du monde, mais les quatre plus importantes qui se succèdent deux fois par an sont celles de New York, Londres, Milan et Paris.
Pour Saveria Mendella, doctorante en études de la mode : « Ces quatre villes qui se sont historiquement constituées comme des capitales culturelles, sont les lieux où le plus de maisons de luxe sont établies. Les Fashion Week d’autres villes n’ont pas de volonté de se caler sur le calendrier des quatre grosses ».
Latto et Doja Cat
Celle de Paris a lieu fin septembre pour présenter les collections printemps-été, et début mars pour les collections automne-hiver. C’est la Chambre Syndicale de la Haute Couture qui l’organise tous les ans et qui définit le calendrier, et ce depuis 1973. Bon à savoir pour toutes les aspirantes créatrices : il n’y a pas de concours pour rentrer dans le calendrier officiel, les nouvelles marques qui l’intègrent doivent-être repérées par les membres de la Chambre pour pouvoir gagner leur place au côté des iconiques Dior, Chanel, Louis Vuitton ou Yves Saint Laurent. Au fil des décennies, les défilés sont passés du statut de simple présentation de vêtements pour des client·es ou revendeur·ses à de véritables shows millimétrés courus par les plus grandes stars.
Un événement avant tout pro
Mais si les stories des défilés et soirées qui suivent font rêver, il faut aussi se dire que les Fashion Week sont avant tout des événements professionnels. D’après Saveria Mendella : « Historiquement, ce sont les acheteurs, les clientes et les journalistes qui étaient invités. Maintenant, les clientes ne sont plus invitées au prêt à porter, mais le reste pour la haute couture. Ensuite, sont venues s’ajouter les célébrités dès les années 70, puis les blogueuses dans les années 2000 et enfin les influenceurs ».
Gigi Hadid par @leeoliveira
Comme elle nous le précise, à partir du moment où les défilés ont été de véritables shows, les Fashion Week sont devenues de vraies événements mondains, dans le sens où elles attirent l’attention de beaucoup de monde.
Les stars et les influenceurs ne sont pas invités par hasard, les marques cherchent à gagner en notoriété. Avoir Rihanna ou Léna Situations au premier rang permet de s’assurer de la respectabilité et de la “coolness” de sa marque. « Les blogueuses ont vraiment démocratisé le fait de commenter les défilés en live avec beaucoup de spontanéité et de subjectivité, là où les journalistes devaient attendre de faire des articles, tout en étant contraints par les annonceurs de leurs médias » nous explique Savéria. En effet, l’arrivée des réseaux sociaux a permis de rendre en direct l’émotion et l’effervescence autour d’un défilé, alimentant l’effet de désirabilité.
Vers plus d’accessibilité ?
Mais alors, les Fashion Week devraient-elles être plus accessibles au grand public ? « La mode a vraiment compris avec les confinements qu’il fallait prendre en charge sa propre démocratisation » analyse Saveria Mendella, « il y a aussi des avantages commerciaux et médiatiques à l’idée de rendre les défilés plus accessibles ».
Lori Harvey
Mais les shows restant des lieux d’enjeux commerciaux majeurs rassemblant tous les acteurs du secteur, le nombre de places est limité, ce qui peut décevoir les étudiant·s ou micro-influenceur·ses qui attendent devant les défilés.
Pour Saveria Mendella, « Cela fait partie du jeu. Des journalistes de mode comme Loïc Prigent ont commencé sans invitation en se rendant simplement devant les défilés pour voir ce qu’il se passait. Si on a vraiment envie de travailler dans la mode, il faut tenter sa chance ». L’invitation d’influenceur·ses avec un large public permet aussi de démocratiser les shows, là où des plus jeunes n’ont pas l’habitude de lire la presse mode mais s'intéressent tout de même à l’univers via les retransmissions live sur les réseaux sociaux.
Conclusion : si cet univers vous fait rêver mais que vous n’avez pas d’invitation, il existe de nombreux moyens d’être au courant de ce qui s’y passe, et même pour certains défilés, de rentrer une fois avoir attendu dehors…
Hanneli Victoire