#1 Ne vous excusez pas… de demander de l’aide ou de l’attention

 

Désolée de te déranger, mais…” : voilà comment on commence la plupart de nos phrases quand on va vers une personne pour lui demander quelque chose ou tout simplement lui adresser la parole. Un appel au service client de votre box internet ? Vous vous excusez de déranger cette personne dont c’est pourtant le métier de vous répondre. Une question pertinente à poser à votre boss pour avancer intelligemment sur un projet ? Vous vous excusez du dérangement alors que vous êtes précisément en train de faire votre boulot.

 

Un bon exercice à faire pour enrayer cette mécanique relou ? Relire chacun de vos mails / textos avant de les envoyer et dégager tous les “déso” qui n’ont pas lieu d’être. Et si vous ne savez pas comment amorcer vos échanges, tentez un “Salut, tu as 2 minutes à m’accorder ?”, tout aussi poli et peut-être plus efficace.

 

 

#2 Ne vous excusez pas… d’avoir de l’ambition

 

Classic shit : on passe notre temps à potasser nos notions de féminisme et d’égalité de genre, on s’enflamme sur le #4novembre16h16 sur Instagram, mais quand vient le moment de demander une promotion ou une augmentation… Gloups. Alors même qu’on a taffé comme une acharnée pour obtenir ce Master / ce boulot / ce nouveau projet, la petite voix de l’illégitimité et du syndrome de l’imposture vient foutre le bazar dans nos pensées.

Comment vous dire pourtant que vous n’avez surtout pas à être désolées de savoir ce que vous valez, ce que vous voulez et où vous avez envie d’aller ? Et que ces qualités sont précisément hyper-valorisées chez les hommes cisgenres (comme dans “lui, il ira loin, il a de l’ambition”) ? Plus d’arguments pour vous affirmer et vous assumer par ici.

 

 

#3 Ne vous excusez pas… de votre apparence

 

“Désolée, j’ai vraiment une gueule de merde aujourd’hui” = nous, tous les lundis matins. Ou comment le fait d’avoir intégré si profondément l’idée que l’on doit au monde d’être plaisant·e à regarder (#objetisation), nous amène à être désolées d’avoir skippé l’étape make-up... ou tout simplement de ne pas avoir envie de sourire / d’avoir mal dormi / d’avoir l’épiderme en roue libre en période de SPM. Avez-vous déjà entendu un mec cis s’excuser de porter le même jean et sa panoplie de T-shirts 50 shades of noir-bleu-gris 365 jours par an ? Probablement pas, non.

 

En résumé : votre apparence, votre corps, la taille de vos cernes ou votre choix de fringues ne regarde personne d’autre que vous. Et si, à l’inverse, vous avez envie de vous sur-pimper, vous n’avez pas à vous en excuser non plus (coucou et pas merci le glam-shaming).

 

 

#4 Ne vous excusez pas… de vos émotions et de la manière dont vous les exprimez

 

Apriori sexiste de base : les femmes seraient plus émotives que les hommes. Résultat ? Exprimer ses émotions en société revient souvent à se prendre en pleine poire des commentaires type “nan mais elle est complètement hystérique” ou encore “tu sais comment elle est, elle pleure tout le temps, elle est tellement émotive…”.

Ce que l’on appelle une “meuf hystérique” est sans doute tout simplement une meuf qui a de bonnes raisons d’être en colère et qui ose l’exprimer. Quant à l’hyper-émotivité, ça pourrait sembler parfaitement normal si nous recevions une éducation valorisant l’expression de nos émotions et de nos sentiments quelque soit notre genre. Donc non : vous n’avez pas (jamais) à être désolée de pleurer.

 

Et vous n’avez pas non plus à être désolée de vous exprimer - plus encore dans la mesure où l’on sait que la charge mentale émotionnelle et relationnelle (aka faire le taf de faire avancer les relations en s’y impliquant émotionnellement et intellectuellement) pèse le plus souvent sur les épaules des meufs. BREF : vous n’avez pas à vous excuser d’être humaine et de communiquer, right ? :)

 

 

#5 Ne vous excusez pas… de penser à vous et de savoir dire non

 

On vous en parlait déjà dans notre article de dimanche : se construire socialement en tant que femme, c’est apprendre à prioriser les besoins des autres sur les siens… quitte à en oublier ses propres envies. Ce qui, dans la vie de tous les jours, se manifeste par une incapacité à valoriser ses besoins propres et à les considérer comme étant légitimes, vous-même vous savez.

 

Pourtant, qui mieux que vous pour savoir ce qui est bon pour vous ? Qui saurait dire mieux que vous où se trouvent vos limites ? Qui mieux que vous pour savoir que vous êtes crevé·e et que vous n’avez pas l’énergie de sortir ce soir même si “c’est l’anniversaire de ce super-pote qui va grave m’en vouloir si je ne viens pas” ?

Penser à vous sans vous en excuser, c’est vous offrir l’opportunité d’épargner de l’énergie et de prendre soin de vous. S’écouter et oser faire de soi la priorité numéro 1 ne fait certainement pas de vous une moins bonne pote ou collègue, loin de là. Et à celleux qui pourraient en douter, n'hésitez pas à répondre que “pour être une bonne amie pour les autres, il faut savoir être une bonne amie pour soi”. Y’a quoi ?

 

 

#6 Ne vous excusez pas… d’avoir un corps et de l’écouter

 

Un exemple très parlant pour se mettre en jambes ? Tout le monde sait que la moitié de l’humanité ou presque a ses règles une fois par mois environ (et qu’il s’agit d’un phénomène aussi naturel que d’avoir faim ou soif). Ce qui ne nous empêche pas pour autant de nous excuser d’être au tapis à cause des douleurs physiques ou psychiques qui y sont parfois liées. Ou comment le tabou des règles dans notre société nous pousse à être désolé·es… Bah, d’avoir un corps, hein, finalement.

Et ça ne s’arrête pas là : parce que nos corps et notre apparence croulent constamment sous le poids des regards et jugements des autres, apprendre à les écouter sans verser dans le shaming devient très difficile. Voilà comment on se retrouve à s’excuser / se justifier de commander une portion de frites ou un dessert qui nous fait très envie, comme si c’était un problème d’avoir faim ou de se faire plaisir. Pour le dire autrement : vous ne devriez jamais vous excuser d’avoir un corps, de l’écouter, de souffrir ou de jouir avec lui - que cela implique de ne pas boire d’alcool ou d’en boire trop, de ne pas manger de gluten ou de vous nourrir exclusivement de pizzas, ou encore d’avoir connu 0 ou 36 partenaires sexuel·es au cours de votre vie. Votre corps, vos choix et basta.

 

 

#7 Ne vous excusez pas… de prendre de la place, d’être qui vous êtes

 

Vous parlez fort, riez fort, défendez vos idées avec passion et n’avez pas votre langue dans votre poche ? Comptez sur votre dévouée team Tapage (dont le motto est de faire du bruit et de ne pas s’en excuser, TMTC) pour vous rappeler que c’est bien votre droit. Parce que comment vous dire que se conformer à ce que sont les attributs dits “féminins” (tels que être douce, gentille, réservée, ne pas faire de vagues et on vous en passe), ça va bien deux minutes ?

 

Que vous soyez une grande gueule ou une hypersensible en roue libre, une militante radicale qui s’époumonne en manif’ ou une introvertie bien planquée derrière son compte Insta ; que vous soyez queer et fiere, grosse, mince, body-buildée, sur-diplomée ou ouvrière, butch ou queen fem en mini-jupe pailletée… Tout ce qui fait le sel et le cool de votre personne, tout ce qui vous éclate, vous émeut, vous reloute ou vous enthousiasme mérite que vous fassiez du bruit sans avoir à vous en excuser. Vous avez le droit d’être curieuse, d’être bruyante, et surtout de vous exprimer. Autant dire ciao bye à celleux que ça ferait rager, parce qu’on ne va tout de même pas être désolées d’exister et de vivre notre meilleure vie, pas vrai ? <3