Ce qu’on peut faire si on traverse un traumatisme
support system = la base
Les événements au potentiel traumatisant diffèrent selon les contextes, les étapes de la vie et nos sensibilités. Les tips qu’on s'apprête à vous filer ici ne sont pas une vérité universelle, mais plutôt des pistes pour construire un support system. C’est-à-dire un réseau de soutien et de ressources diversifiées sur lesquelles s’appuyer quand on vit des difficultés, allant des violences au deuil, en passant par les accidents ou les peines de cœur. Assos, ami·es, famille, psys, force interne… Go se faire aider, et s’aider, à traverser les traumas.
En parler à ses proches
Les expert·es insistent sur le fait que, pour surmonter un trauma, il faut en parler. Of course, il y a mille façons de le faire selon nos situations. On peut commencer par nos proches, déjà parce que c’est un cadre safe pour cette parole nécessaire, mais aussi parce que prévenir notre entourage peut radicalement aider une guérison. En nous apportant du soutien spécifique, en nous aidant à éviter les triggers (éléments qui nous rappellent notre trauma et déclenchent des fortes sensations de panique, colère, tristesse…) ou les questions impromptues style « T’as l’air fatigué·e, ça va ? » alors qu’on est pas dans le mood pour en parler.
Le mot d’ordre ? Chacun·e son rythme. On peut attendre quelques jours pour process un peu, ou en parler direct si on le sent. On peut choisir une seule personne comme confident·e, son cercle très proche ou un groupe d’amis fiables plus large. Il n’y a pas de “bonne” méthode pour annoncer sa situation : en face à face, en messages vocaux, à l'écrit… Le goal est que ça soit confortable au maximum. Selon le type de trauma, on peut émettre un trigger warning pour que nos proches concerné·es par le même souci puissent accueillir au mieux notre témoignage.
Mental health tip : parce que ça peut être épuisant de détailler 25 fois une histoire pénible, on peut demander à quelques personnes de confiance d’informer le reste de notre entourage, ou tout simplement faire une conv’ de groupe avec les gens qu’on veut prévenir #testéetapprouvé. Indiquer la nature du trauma -physique, accidentel, mental…- peut aider notre entourage à mieux nous soutenir, mais on n’a pas à se forcer sur le degré de précision si on ne le sent pas.
Diversifier les sources de soutien
Rappel qu’on oublie trop souvent : personne n’est devin. Même des expériences identiques peuvent être vécues différemment. Donc on n’hésite pas à communiquer clairement sur le type de soutien qu’on attend. « J’ai besoin de gens à la maison », « je préfère être seul·e mais les messages m’aident », « j’aimerais sortir » « je ne sais pas trop »… Pas de souc’ si ces besoins évoluent, on peut aussi l’indiquer.
Malheureusement, l’époque est un peu claquée au sol, notamment pour les jeunes dont un sur cinq présente des troubles dépressifs. Donc y’a moyen que tous les gens autour de nous ne soient pas d’un soutien infaillible, car devant gérer leurs propres traumas. Si on mérite d’être soutenu·e, on peut garder ça en tête pour ne pas le prendre trop perso et savoir que ça n’a rien à voir avec « qui on est ». Sauf si ces proches minimisent notre traumatisme, nous manquent de respect ou nous ignorent complètement, obviously.
D’ailleurs, si on sait à l’avance que notre entourage n’est pas safe ou à la hauteur, d’autres ressources d’écoute existent. France Victimes vient en aide aux victimes de n’importe quel événement violent ou choquant. Pour les violences patriarcales, on peut appeler le 3919 ou utiliser le chat de l’asso En avant toutes. Sinon, cette liste réunit les contacts d’assos et de groupes de paroles partout en France.
Réfléchir à une aide psy
Face aux événements violents -agressions, accidents, deuil- c’est une question qui se pose. Si on a déjà une relation de confiance avec un·e thérapeute, ça peut être intéressant de lui en parler rapidement. Si on n’a pas l’habitude et que l’idée ne nous tente pas, mieux vaut ne pas se forcer dans cette période sensible. On a le droit de prendre notre temps.
Si au bout de quelques mois, notre état ne s’améliore pas malgré un entourage attentif et des gestes de self-care, alors ça peut être une option à envisager. Si on n’a pas envie, on peut se demander pourquoi. Et si on sent que ça nous fera du bien, autant être suivi·e par des pros de qualité. Pour ça, on vous a préparé un guide pour bien choisir son/sa psy. On a aussi deux listes, ici et là, de psys safe sur les questions féministes, LGBTQIA+ etc.
L’aide psy est souvent conditionnée par la thune #payetasociété. On peut se tourner vers des psys conventionnés pour obtenir 8 séances, jusqu’à 40 euros remboursés. Pour en trouver près de chez vous, c’est par ici. Pour du gratuit, la Sécu prend en charge les séances prodiguées dans un centre médico-psychologique, mais il faut qu’un médecin généraliste fasse une ordonnance. En cas de grosse crise, le numéro de prévention au suicide est le 3114.
Y aller mollo
Si ça compte d’être entouré·es dans nos épreuves, on peut aussi mettre des choses en place nous-mêmes. La base : checker nos besoins vitaux. Notre cerveau fait un sacré taff pour assimiler des émotions complexes et tenir le coup, donc gaffe à notre énergie. L'idée n'est pas de se forcer à une routine “healthy” et stressante, mais de se faire du bien. On mange ce qui nous fait envie, on tape une sieste quand on veut, on évite les projets stressants dans la mesure du possible, bref on se ménage.
On vous parlait déjà ici de l’importance des rituels pour guérir des traumas. Un exemple souvent évoqué par les victimes de violence physique est le sport, pour ré-introduire des activités plaisantes à son corps. Again, pas d'injonction : on tente s'il nous fait envie, nous apaise ou nous amuse.
Les événements violents augmentent notre anxiété, que ça soit pour plusieurs jours ou plusieurs mois. Éviter temporairement les situations, lieux ou personnes stressantes aide à ne pas être submergé·e (sinon, notre guide pour désamorcer une crise d’angoisse). De manière plus précise, c’est utile de noter ce qui nous trigger, pour se ménager mais aussi pour mieux comprendre comment on vit le traumatisme. Pour checker votre mood au quotidien, vous pouvez tenir un journal ou utiliser How We Feel.
Traverser un trauma, c’est une période particulière. Il y a zéro raison de culpabiliser de ne pas être “au top”, donc on n’a pas peur de poser ses limites. La violence amène souvent de la colère, du deuil ou de la peur, qui affectent notre quotidien et notre vie sociale. Et c’est parfaitement normal. Si ça n'est pas une fatalité, ces états sur des semaines, des mois voire des années sont humains. Vous faîtes déjà de votre mieux <3
Claire Roussel