La désobéissance civile, c’est s’opposer consciemment, publiquement et souvent de manière non violente, à des décisions de gouvernements qui nous paraissent illégitimes. Henry David Thoreau a lancé le truc sans le savoir aux USA en 1840 : il refusait de payer ses impôts car il estimait qu’ils serviraient à financer la guerre contre le Mexique et a fini en prison. Des tonnes d’activistes, de Martin Luther King à Vandana Shiva, ont inclus ce concept dans leurs luttes contre le racisme, le colonialisme ou la destruction de l’environnement. En 2022, la méthode est validée par les associations écologistes, style Just Stop Oil, Extinction Rebellion, ou Dernière Rénovation. L’objectif : des actions qui vont être très médiatisées pour faire entendre leurs revendications, comme la rénovation thermique de l’immobilier français ou l’arrêt des d’exploitation pétrolières dans la Mer du Nord.

 

 

Agir dans l’urgence

 

Mais pourquoi balancer de la peinture ou mettre un T-shirt à une statue pour parler écologie ? Et bien ça attire l’attention du grand public, des médias et donc des responsables politiques sur ces problèmes, qui sinon sont ignorés complet. La preuve avec le discours récent du président Emmanuel Macron, qui a déclaré : “Qui aurait pu prédire la crise climatique ?” après 27 COP, 6 rapports du GIEC et des décennies d’alertes scientifiques. Vu ce level de désintérêt et le peu de temps qu’il nous reste -d’après le GIEC, il faut plafonner les émissions carbone en 2025 max pour rester sous 1,5 degré de réchauffement-, les activistes ont choisi des moyens atypiques, mais plutôt efficaces, d’attirer l’attention.

La désobéissance civile fonctionne régulièrement. Dans son texte Étreindre les arbres, Vandana Shiva raconte comment les femmes du mouvement Chipko ont protégé des forêts -qui leur permettaient de survivre- quand des colons anglais voulaient les surexploiter. Partout en Inde, elles se réunissaient pour protéger les arbres avec leurs corps et empêcher la déforestation, malgré la pression des policiers ou des entrepreneurs. Résultat : elles ont sauvé les écosystèmes de nombreuses régions indiennes au 20è siècle #queens.

 

 

Les défis qui vont avec

 

Of course, enfreindre la loi, c’est risqué : on s’expose à des arrestations musclées et des peines variées (en 2022, 2000 activistes Just Stop Oil ont été arrêté·es et 16 étaient en prison). Souvent, c’est pour trouble à l’ordre public ou dégradation de biens publics. Face à ces risques, beaucoup d’asso misent sur la non violence en partie pour minimiser les condamnations.

Niveau critique, on reproche à ces méthodes d’être incohérentes et irrespectueuses. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont critiqué Dernière Rénovation pour leurs actions aux ministères, car utiliser des litres de peinture ne leur paraissait pas éco-responsable. Mais si on compare ça à l'impact carbone du parc immobilier français (18% de nos émissions) que l’association veut faire rénover, on voit où est l'intérêt écologique. Pareil quand on clashe un blocage de route qui alerte sur le climat : c’est relou pour celleux qui veulent l’emprunter, mais dépasser les 2 degrés de réchauffement, ça pourrait créer un milliard de réfugiés climatiquesIt’s all about perspective.

 

 

Et si on veut s’y mettre ?

 

De plus en plus de citoyen·es pensent à s'impliquer dans des actions de désobéissance civile. Les risques qui vont avec peuvent intimider, mais les mentalités bougent : cette semaine, deux militants Dernière Rénovation jugés pour avoir bloqué le périph ont été relaxés, car le tribunal a pris en compte “l’état de nécessité”. En gros, il a reconnu que les militants faisaient face à un danger imminent -le dérèglement climatique-, et que leur action était proportionnée vu l’ampleur du problème.

On peut aussi avoir peur du caractère très public des actions, donc no pression. Mais si vous êtes intéresé·e, les assos citées dans l’article proposent des formations pour des projets diversifiés selon les capacités de chacun. Il suffit de les contacter ou de suivre leurs réseaux pour y participer. Du coup, bon sit in.

Claire Roussel