Cours 1 : démographie

 

La première fois qu’on a assisté à une conférence de la psychothérapeute Esther Perel, on a revu complet notre version du couple - mais alors, complet - à partir d’une phrase : “Nous comptons aujourd’hui sur une seule et même personne pour nous donner autant que ce que pouvait nous apporter un village autrefois”. Ca parait fou, et pourtant.

 

On demande à notre partenaire de s’engager avec nous au quotidien (époux·se), de nous épanouir sexuellement (amant·e/s), d’être notre point d’ancrage (famille), de partager des activités et d’être notre confident·e (ami·e·/s), de nous soutenir et nous aider dans les moments difficiles (psy), de nous enrichir intellectuellement (prof), de nous pousser à nous dépasser (adversaire/s), et d’être l’âme sœur qui suscitera chez nous une foi indéfectible en l’amour (dieu).

Comme c’est clairement infaisable (voyons la reality en face), on est invariablement déçue. La solution n’est pas de revenir au village d’avant avec époux·se et amant·e/s, mais de tranquilliser ses exigences. Soyez honnête avec votre partenaire, mais confiez-vous à vos ami·es. Appréciez ses connaissances et compétences, mais développez les vôtres de votre côté en lisant ou en suivant des cours sur un sujet qui vous intéresse. Si vous en ressentez le besoin, demandez l’aide d’un·e thérapeute.

 

En gros : votre épanouissement ne doit pas dépendre d’une seule et même personne (voire d’une autre personne que vous tout court, si possible).

 

 

Cours 2 : introspection

 

La suite logique c’est d’y penser, à cet épanouissement personnel, et à ce qu’il vous faut pour l’atteindre (sachant que c’est un process perpétuel). Pour construire une relation saine, il faut savoir ce qui est important pour vous, ce dont vous avez besoin. Vous pouvez vous faire des points et les classer en deux catégories : 1) vos valeurs inaliénables, 2) vos envies négociables.

On vous a toujours dit qu’il fallait vous adapter et faire des concessions dans un couple ? Certes, mais tout doux bijoux quand même. On peut rogner sur l’envie d’une sortie shopping hebdo en couple (envie négociable), mais pas sur le principe d’être introduite à son cercle d’ami·es ou sur ses désirs au lit par exemple (valeurs inaliénables). Ne vous oubliez pas pour faire plaisir à l’autre.

 

 

Cours 3 : maçonnerie

 

Dans ce 3ème cours, on apprend à bâtir sa dream house. Comprendre : construire la relation qui vous correspond à tou·te·s les deux, trois, quatre, cinq… Et oui, parce qu’une relation saine ne signifie pas forcément à deux. Ça peut même être le contraire : s’enfermer dans une relation à deux quand on est intéressée par l’idée d’une relation libre ou polyamoureuse n’est pas sain, en fait.Vous risquez la frustration, voire la trahison et donc la culpabilité. Nul.

De la même façon qu’il n’y a pas qu’un seul modèle de maison dans ce charmant lotissement qu’est la planète (parce qu’on préfère les cuisines ouvertes ou fermées, les douches ou les baignoires, le plein pied ou les duplex…), il ne devrait pas y avoir un seul modèle de couple. Osez devenir l’architecte de votre vie amoureuse (oh c’est beau).

 

 

Cours 4 : éloquence

 

Dans ce dernier cours, deux équipes s’affrontent. Celle qui défend qu’un couple sain implique qu’on ne se dispute jamais, et celle qui martèle qu’un couple sain ne doit jamais éviter la dispute. Qui a raison ? Son-per : comme d’hab, la clef c’est l’équilibre.

 

La psychoclinicienne Yvonne Poncet-Bonissol l’explique très bien : « Quand on est dans le conflit permanent, on est dans un rapport dominant-dominé où l’on va sans cesse tester les limites de l’autre et du lien qui nous unit à lui. A l’inverse, un couple qui ne se dispute jamais est dans un rapport de dépendance. Comme on a peur de le ou la perdre, on ne dit rien, on fuit le conflit, on se suradapte à l’autre ».

Alors comment on fait ? Et bien on peut commencer par instaurer un point annuel. Ca peut sembler très froid, mais c’est tout le contraire. C’est un temps que vous prenez pour parler ensemble de votre relation, pour vous écouter, et imaginer la suite (aka vous faire rêver).

 

Vous pouvez par exemple commencer par demander à votre/vos partenaire/s si iels est/sont ok pour continuer, quels sont ses/leurs désirs et projets, ce qui le/la/les rend heureux·se·s dans votre couple, les questions qu’iels se pose·nt, etc.

 

Vous pouvez aussi faire un point sur ce que vous voulez garder, changer ou introduire dans votre relation. Exemple : à garder, la sortie ciné que vous faites ensemble une fois par semaine ; à changer, la télé dans la chambre qui vous fait oublier qu’il y a bien mieux à y faire que mater un replay de Zone Interdite ; à introduire, un projet de déménagement à l’étranger ?

 

On vous laisse en discuter entre vous. Bisous keur.