Vraie question : c’est quoi le glam-shaming ?
#wokeuplikeshit
On connaissait le slut-shaming (“oh la traînée !”), le period-shaming (“mais les règles, c’est dégueulasse !”), le fat-shaming (“moi les meufs je les aime en taille 36”)… et voilà que depuis quelques temps, le glam-shaming fait son entrée (fracassante) dans l’aventure du foutage de gueule réservé quasi-exclusivement au monde du féminin. Mais quand est-ce qu’enfin on va nous laisser vivre nos vies tranquilles ?
#1 : C’est quoi le glam-shaming ?
Pour reprendre les choses par la base, commençons par une petite définition : le terme glam-shaming est une contraction de glamour et de shaming, qu’on pourrait traduire littéralement (et mal) par le “glamour-honteux”. Cette expression a été employée (et inventée) par une candidate à une émission de téléréalité aux USA (coucou le Bachelor !) en janvier 2018.
Ce qu’elle cristallise ? Le harcèlement, la stigmatisation et les moqueries que subissent les femmes qui se maquillent. Parce qu’il y a un principe très vicieux profondément lié aux mécanismes de domination masculine, qui fait que quoique les femmes fassent, quelle que soit la liberté qu’elles prennent - et la conscience des choses qu’elles mettent dans cette liberté - il y a toujours un truc qui dérange. On croit toujours qu’il est légitime de leur dire ce qu’elles doivent faire - ou pas.
#2 : Maquillage et hypocrisie
En fait, depuis le début des années 2000, la tendance est au na-tu-rel. On n’a jamais autant entendu ce mot au rayon make-up. De Hollywood à Paris, tout le gratin semble s’être plus ou moins rallié à la cause du #balancetonfonddeteint et du #wokeuplikethis. Le retour de bâton ? Une stigmatisation névrotique de celles qui choisissent d’utiliser l’outil qu’est le maquillage différemment. Qui ne s’ancrent pas dans cette veine de la tendance au naturel, et qui de fait, sont moins dans la préservation de cet imaginaire vicieux que les femmes sont des “créatures” éternellement belles et sexy sans effort, ne faisant rien pour plaire mais plaisant à tout le monde OKLM.
Ce qui veut dire ? Eh bien que considérer le maquillage comme une question frivole est typiquement un moyen d’infantiliser les femmes, de leur dire qu’elles s’attardent sur des questions idiotes. Pire encore est le fait de leur reprocher de se soucier de leur apparence, et de mettre ce choix en opposition à leurs libertés. Très con et hypocrite, si vous voulez notre avis.
#3 : Le cas Aya Nakamura
Le naturel à ses limites. Bah ouais. Et c’est d’ailleurs ce que raconte le tollé médiatique qu’a provoqué la publication d’une photo d’Aya Nakamura sans make-up au mois de décembre. Pour vous refaire le pitch, Aya s’est faite photographier par une fan, alors qu’elle traînait en bon combo joggos + 0 maquillage. Et les réactions en ligne n’ont pas tardé : entre déflagrations d’insultes en tous genres, et commentaires sexistes au bas-mot.
Ce que ça raconte ? Que cette mode du naturel convient bien à tout le monde tant… qu’elle préserve les idéaux de féminité en cours. Parce qu’une femme, c’est bien connu, c’est beau, c’est mignon, et ça doit plaire. Alors hors de question, SVP de sortir la gueule en vrac même pour aller acheter du pain. “Un peu de tenue” vous répondraient sans doute les détracteurs d’Aya Nakamura, qui pensent sans doute qu’en tant que meufs, on n’a que ça à faire que de se soucier d’être stylée H24.
#4 : À double peine… double fuck ?
Entre injonctions à la féminité omniprésentes et hypocrisie totalement libérée, il semblerait que les femmes soient toujours et éternellement coincées entre 2 figures, aussi artificielles l’une que l’autre. Parce que c’est bien ça, dont il est question : quand une femme se maquille trop les commentaires fusent (de la voiture volée, au classique pot de peinture) et quand elle décide qu’elle n’en a rien à foutre de son apparence physique, elle en prend autant pour son grade (t’aurais pu faire un effort, franchement ça fait négligé, t’as mauvaise mine aujourd’hui, c’est pas très féminin… et on vous en passe).
Et en y réfléchissant bien, on repense direct aux mots de Virginie Despentes dans son génial King Kong Théorie : “(...) la femme blanche, séduisante mais pas pute, (...) mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens esthétiques, (...) je crois bien qu’elle n’existe pas.”
Notre conclusion ? N'écoutez personne, et surtout pas ceux qui s'arrogent le droit de penser à votre place. Faites ce que vous voulez. Soyez créative, soyez en vrac, soyez pimpée comme jamais, quand ça vous chante, et si ça vous chante. Bref : n'attendez pas qu'on vous donne votre liberté. Prenez-la !