Flash info : histoire de la langue française

 

Démontage immédiat de l’idée reçue n°1 : la “féminisation” de la langue ne date pas des mouvements féministes 2.0. OUI, on utilisait déjà le terme “autrice” pour désigner une femme auteure jusqu’au XVIIème siècle. C’est l’Académie Française qui, sous la tutelle de Richelieu, a organisé à ce moment-là une grande opération de masculinisation par le “neutre” (= le masculin, dans un monde… masculin).

C’est à ce moment-là aussi que fut créée la règle grammaticale du masculin l’emportant sur le féminin. Avant ça, il faut savoir que chacun·e pouvait choisir de faire ses accords grammaticaux comme bon lui semblait - comme c’était le cas en latin, par exemple.

 

En 2017, 314 enseignant·es et membres du corps professoral français avaient d’ailleurs déclaré dans une tribune que cette règle grammaticale ne serait plus enseignée dans leurs classes. Ils·elles y dénonçaient les arguments avancés à la base pour neutraliser le féminin dans la langue française. Arguments visiblement plus politiques que poétiques :

 

« Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif. » (Dupleix, Liberté de la langue françoise, 1651)

 

« Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » (Beauzée, Grammaire générale, 1767)

 

CQFD

 

 

Ok, mais y-a-t-il vraiment un problème ?

 

En un mot : oui. Et si on commence par vous parler grammaire, c’est parce que ce genre d’éléments permet de mettre en lumière le fait que la langue est prise, elle aussi, dans un système sexiste. Comme la culture du viol, le racisme ordinaire ou l’homophobie latente : on parle de système quand le monde est en quelque sorte conçu pour engendrer un certain type de situations (et donc, de comportements).

Une écriture et grammaire inclusives permettent de déconstruire ce système là où il est profondément ancré (le langage) pour faire advenir de nouvelles réalités où chacun·e puisse se sentir exister, estimé·e, reconnu·e, et avoir des mots pour se/le dire (la parole, l’écriture, la pensée). Donc évidemment, ça a aussi un vrai impact sur la vie.

 

Parce que pour parler réalités, justement, ce n’est pas anodin qu’on parle de femme de ménage et pas de personnel nettoyant. Pas anodin non plus que la définition d’Ambassadrice proposée par Larousse soit la femme de l’ambassadeur.

 

 

Écriture inclusive : le guide des pour et des contre

 

Globalement, dans le débat sur l’écriture inclusive, les trois anti-arguments qu’on entend le plus souvent sont ceux-ci :

 

1/ “La langue française est très bien comme elle est, elle est le territoire des arts et de la littérature et la changer c’est renier ce qui a fait notre glorieuse histoire” (#enthoven)

 

2/ “C’est carrément illisible et on n’y comprend plus rien - tout ça pour faire plaisir à une micro-communauté de gaucho-féministes LGBT+

 

3/ “Je ne vois pas ce que ça change de mener ce combat puisque de toute façon les femmes font déjà ce qu’elles veulent

Si vous faites partie des personnes qui soutiennent l’un de ces points de vue ou que vous en connaissez, no panic. La bonne manière de répondre à ces arguments, est simplement de reprendre l’histoire et les faits :

 

1/ La langue française n’a pas toujours été masculine (appelez ça neutre si vous voulez) et les règles grammaticales telles qu’on les connaît aujourd’hui ont en fait été instaurées au XVIIème siècle pour des motifs ouvertement misogynes. Et puis, ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça une langue vivante : autant la faire vivre.

 

2/ A priori, il suffit juste pour les yeux de “s’habituer” à l’écriture inclusive, dans la mesure où le point médian est bien moins imposant visuellement que la parenthèse (qui d’usage indique généralement une info d’ordre secondaire). Idem pour le terme “autrice” : ça peut sembler aussi évident que de dire “lectrice” quand on y pense, non ?

3/ C’est peut-être moins palpitant de prime abord que le droit de vote, mais la plupart des luttes (quotidiennes et militantes) qui occupent les femmes aujourd’hui, sont celles de la vie de tous les jours. Parce que la question aujourd’hui n’est plus de discuter de si les femmes peuvent le faire mais aussi de comment elles peuvent concrètement le faire, en rêver, ou s’en donner les moyens dans leurs “réalités”. Pour que nous puissions tous·tes nous rêver auteur·ice, Président·e, pharmacien·ne, ouvrièr·e qualifié·e ou chef·fe de partie. Sans être forcé·es de se battre “comme un homme” (= en suivant le modèle masculin) pour se faire respecter.

 

 

Envie de bien faire mais complètement paumé·e ?

 

Tu peux t’armer du guide gratuit et super-complet pour bien manier l’écriture inclusive, à télécharger ici - une bonne base pour commencer.

 

Concernant l’usage des pronoms et de l’écriture inclusive dans les milieux LGBTQI+ et avec les personnes queer, non-binaires ou trans, le meilleur conseil qu’on puisse te donner c’est de demander à la personne concernée son pronom de préférence et de le respecter. C’est normal, c’est cool, et ça évite les micro-violences.