Il est temps de se calmer

 

Il suffit de taper leur noms sur Google pour se farcir des dizaines d’articles sur leurs « disputes ». La chanteuse, actrice et productrice Jennifer Lopez et l’acteur, producteur et réalisateur Ben Affleck, en couple depuis 2021 après une première rupture en 2004, se tapent une obsession médiatique cheloue depuis quelques mois. Après leurs apparitions - aux Grammys, en montant dans leur voiture, à la première du film Mother -, des dizaines de milliers d’internautes scrutent des vidéos du couple en voulant démontrer un clash, souvent parce que Ben Affleck a l’air « stressé » ou « épuisé ».

 

Alors, déjà : l’acteur a juste une énorme resting bitch face, et clairement marre qu’on l’embête avec. Donc globalement, il n’est pas saoulé par sa compagne, juste détendu. Et après un paquet d’articles, d’analyses de « lip readers », et de débats entre internautes, c’est officiel : non, ces gens ne s’embrouillent pas tout le temps. Ben Affleck semble juste être saoulé par des paparazzis en allant vers leur voiture tout comme, si on prête vraiment attention, le couple discutait juste aux Grammys et à la première de Mother. Pourquoi on vous raconte ces histoires ? Parce que derrière ces obsessions people, il y a un mécanisme patriarcal bien sexiste.

 

 

Au-delà du people, un enjeu sociétal

 

Fantasmer à ce point sur les embrouilles d’un couple en insistant sur l’idée qu’un homme a l’air « épuisé » ou « tendu » est une bonne façon de sous-entendre -voire d’affirmer pour certains twittos- que sa partenaire est épuisante ou trop exigeante, bref d’entretenir le mythe misogyne que les femmes sont des chieuses.

 

Et quand bien même iels se disputeraient for real : ça arrive à n’importe qui, donc pourquoi en faire un sujet ? Et pourquoi penser que c’est forcément Jennifer Lopez qui en serait à l’origine ? D’ailleurs, peut-être qu’elle aurait des bonnes raisons d’embrouiller son mec. Bref, on n’en sait rien et ça n'est pas le plus important : il faut juste qu’on arrête de projeter nos réflexes misogynes sur des situations qu’on ne connaît absolument pas.

 

Dans le cas de l’actrice, ce sexisme est probablement doublé de racisme : les femmes latinas sont plus souvent stéréotypées comme « colériques » ou « dramatiques » que les femmes blanches. Une façon de nier encore plus la légitimité de leur colère quand elle apparaît vraiment.

 

Globalement, ces photos et vidéos sorties de leur contexte correspondent à un phénomène plus large, ou les médias people et certains internautes déforment des contenus pour créer une image de méchante ou d’hystérique à des femmes célèbres. L’actrice Jameela Jamil en parle très bien sur son compte. Et dans certains cas, une diabolisation organisée à grande échelle peut détruire des vies, comme le démontre ce documentaire sur Amber Heard.

 

Du coup, on va laisser le couple kiffer tranquillement, et mettre notre énergie dans des trucs un peu moins sexistes. Comme une sieste, un bon livre, ou la destruction du patriarcat.

Claire Roussel