Que faire si on ne peut pas aller en manif ?
Parce qu’on ne va pas cramer la poubelle de la cuisine
Demain, c’est manif ! Y’a comme une impression de déjà-vu, et c’est pas pour rien : ce sera la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, passée en force par 49.3 le 16 mars. Si comme 69% des français·es, vous y êtes opposé·e, vous serez peut-être dans la rue. Ou pas, car entre le travail, le manque de thune pour faire grève, l’agoraphobie, la peur des violences policières ou des conditions physiques, plein de gens ne vont pas en manif. Et c’est ok : dans ces temps galères, c’est aussi important de ne pas forcer sur ses limites. Si c’est votre mood, voici nos recos pour se mobiliser où qu’on soit.
Thune, tweets et pétitions
Faire la grève onze fois en trois mois, c’est pas accessible à toustes #inflationbonjour. Si vous en avez les moyens, donner aux caisses de grève est un bon plan pour permettre à des personnes précaires d’aller manifester. La plus famous est celle de l’intersyndicale. Les dons faits à cette caisse sont reversés à des salarié·es qui attestent de deux jours de grève consécutifs dans le mois, syndiqué·es ou pas.
En plus du soutien économique, le soutien symbolique envoie un message fort. On peut le partager sur les réseaux sociaux, ou en relayant les infos pour les manifestant·es, comme par exemple les posts de @agfeministeparisbanlieue. Pour les plus créa’, on peut aussi accrocher une bannière à sa fenêtre ou son balcon.
Autre grand classique du soutien hors manif : la pétition. Celle contre la réforme des retraites, lancée par l’ensemble des syndicats, est l’une des plus signées de France. Si la loi est déjà passée, beaucoup d’activistes considèrent que la bataille n’est pas terminée, donc qu’on peut encore la signer.
Et pour se renseigner loin des réseaux sociaux un chouia anxiogènes, rien de tel que d’écouter des podcasts bien installé·e dans son canap’. On vous recommande cette émission avec Salomé Saqué sur l’engagement des jeunes contre la réforme, ou ce débat au taquet avec l’économiste Michaël Zemmour.
Retour aux bases : protéger le droit de manifester
On ne va pas se mentir : le droit de manifester en France a pris une sacrée patate ces dernières semaines. Des militants écolos à Sainte-Soline aux manifestants anti-réforme dans les grandes villes, on ne peut pas passer à côté de la violence exercée à l’encontre des manifestant.es, entre un policier qui crie “Tiens ramasse tes couilles enculé” après un tir de LBD et ceux qui arrêtent des gens qui marchent dans le quartier où une manif s’est terminée. Ou carrément quand le Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin répand de fausses informations à propos des manif’ non déclarées.
Le but de ces violences : réprimer les contestations pourtant nécessaires à une démocratie. Le level est tellement inquiétant que la commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe a condamné un “usage excessif de la force”. Même son de cloche chez la Commission nationale consultative des droits de l’homme, qui a publié un rapport spécial “Liberté de manifester et liberté de la presse en danger” le 23 mars.
Pas obligé d’aller dans la rue pour défendre le droit de manifester. On peut reposer les bases, en faisant circuler ce post de Mediapart, qui rappelle le droit aux policiers. Ou en signant cette pétition qui demande la dissolution de la BRAV-M, une unité réputée pour ses violences, qui menace par exemple un manifestant dans un enregistrement révélé par Loopsider. Amnesty International a aussi lancé une pétition pour contrôler les armes des policiers en manif’ à l’international. Et pour creuser les enjeux autour des violences policières, on vous conseille aussi la lecture de Défaire la police, livre collectif des éditions Divergences, et de 1312 raisons d’abolir la police, de la sociologue et prof’ de criminologie Gwenola Ricordeau.
Consulter et faire tourner ces refs’, ça encourage des manifestations plus safe et plus inclusives. Que ce soit celle de demain, ou toutes les autres.
Claire Roussel