Vraie question : c’est quoi l’écoféminisme ?
Convergence des luttes
Réponse A : un nouveau concept marketing
Réponse B : un courant fashion
Réponse C : une réflexion philosophique et sociale héritée des années 70
Réponse D : la réponse D
Pour connaître la réponse, rendez-vous juste en dessous.
La première fois qu’on a parlé d’écoféminisme en France, c’était dans l’ouvrage de Françoise d’Eaubonne publié en 1974, Le féminisme ou la mort. Elle y fait un parallèle qui résume très bien cette notion : les femmes et la planète sont deux ressources fertiles exploitées par le pouvoir masculin. Les hommes imposent un contrôle sur les femmes et leur corps comme ils ont toujours cherché à contrôler la nature (on parle bien de dompter les éléments...), plutôt que de choisir de vivre en harmonie avec elles.
On repère assez vite d’ailleurs un vocabulaire très similaire pour définir les femmes et la planète : mère nature, mère nourricière, nature vierge… Un vocabulaire qui détermine la Terre ou les femmes en fonction de ce qu’elles peuvent apporter, ou de leur condition vis-à-vis des hommes (mère ou vierge, puisque la virginité est encore considérée comme le statut d’une femme qui n’a pas encore connu de pénétration #faux).
Comme le dit très justement Julie Nicol dans cet article pour Conforme Magazine : “Femmes et nature se retrouvent perdantes face à une entreprise de distinction, de hiérarchisation, et de subordination de celles-ci. En effet, si naturaliser les femmes dessert leurs intérêts et ne permet pas de penser les rapports sociaux de sexe, féminiser la nature, dans une société patriarcale constitue le terreau de sa destruction”.
Sans remettre les femmes dans un contexte naturaliste - c’est à dire les définir uniquement par leur biologie, et notamment leur potentiel de conception que certain·e·s décrivent encore comme leur “true purpose" (poke The Handmaid’s Tale) - l’écoféminisme est une lutte pour la sauvegarde et le traitement juste de toutes les formes de vivant. Et donc contre le patriarcat et son enfant terrible, le capitalisme.
C’est d’ailleurs le capitalisme, son objectif de rendement et ses machines qui ont retiré aux femmes leur rôle de protectrice de la nature, leur travail en tant que premières agricultrices, à l’époque où elles s’occupaient des terres pendant que les hommes géraient la chasse. De terre cultivée raisonnablement pour répondre aux besoins d’une communauté, on est passé·es à une surproduction monétaire et écocide, soutenue par des institutions gouvernées par des hommes.
En résistance, des communautés de femmes revendiquent leur place auprès de la nature et en charge de sa protection, comme Terres de femmes qui partagent leur aventure et leur combat dans ce podcast d’Arte Radio.
La figure de la sorcière aussi est écoféministe : en se rapprochant d’un savoir ancestral naturel, en apprenant à se soigner par les plantes, la sorcière se défait des labos pharmaceutiques, qui tirent aussi souvent les ficelles de l’agriculture qui ruine la planète (coucou Bayer-Monsanto). En apprenant à se connaître à travers les astres, en réinventant ce qui est elle, ce qui est beau, la sorcière se détache des standards de beauté imposés par le patriarcat et tourne le dos à la fast fashion qui bousille la Terre.
Et cette sorcière, ça peut être vous. Consciente de la convergence des luttes, déterminée à ne plus tolérer les dégâts du pouvoir masculin, sur sa personne ou sur la planète qu’on est sensé·es toustes partager et protéger. À quand un GreenwiTch village ? ;)