Je n’ai même pas été plus surprise que ça. Pendant ces six mois, toutes mes matinées au bureau étaient rythmées par les mêmes rituels, à base de compatibilités amoureuses des matchs Tinder de la veille et autres mésententes à venir dûes à Mercure en rétrograde. Et bien sûr, j’étais la première à prendre part aux débats - quel kif de copiner avec mes collègues autour de la machine à café.

 

Au cas où vous en doutiez : j’adore l'astrologie. Je me délecte des horoscopes et trépigne quand je rencontre un Cancer (j'accroche toujours très vite avec les Cancer). Que l’on soit astro-sceptique ou astro-accro, on est bien obligé d’avouer que l'astro-mania est là, aussi populaire que Squid Game ou le docu Netflix sur Angèle. Et pourtant, de mon côté, je commence à avoir un goût de plus en plus amer quand j’entends des phrases du genre « laisse tomber, il est Scorpion, ça ne marchera jamais » ou « tente même pas une deuxième date, son ascendant craint grave » Sérieux ? Devrais-je vraiment larguer ce date avec qui le sexe était génial juste à cause de son signe astro ?

Voilà. Je me demande donc si tout ça ne va pas un peu trop loin. Si on laissait finalement les prévisions et autres compatibilités aux pros ? Oui, vous pourrez toujours vous vanter d’être charismatique si vous êtes Lion, mais pour la suite, certaines personnes ont des véritables connaissances dans ce domaine et sont bien plus à même de juger si oui ou non, vous allez rencontrer le big love (et encore). Sur Instagram, les astrologues sont nombreux à proposer des contenus très qualis et offrir chaque semaine des horoscopes pointilleux grâce à des tirages poussés.

 

Julia, 24 ans, anime presque 30 000 abonnées avec Astrokiff et ses prévisions hebdomadaires. « Je suis heureuse de voir le lien social que crée l’astrologie. Par contre, un thème astral naît d’une multitude de composantes, de facteurs, de supports et d’intuition. Paradoxalement, il y a une sphère très cartésienne dans l’astrologie, presque mathématique : on calcule l'attraction de la lune, les transits de planète, les degrés, les inclinaisons... puis on interprète. Donc attention, on peut être Poissons en apparence, mais Gémeaux en puissance ! Dire tu es Poissons, c’est comme dire tu es française. Ça ne veut pas dire grand chose, il faut rajouter des dizaines de planètes et de données pour vraiment comprendre son ADN astral. »

Pour résumer, l’astrologie crée du lien et offre des grilles de lecture accessibles à tout le monde. Chacun·e peut se sentir un peu astrologue, « il n’y a pas de monopole dans ces domaines, tout le monde est capable de proposer un horoscope » insiste Julia.

 

Mais au final, est-ce qu'on ne déplace pas un peu le problème ? Plutôt que de laisser les clés de son cœur à une application, une astrologue ou un magazine, pourquoi ne pas tout simplement se fier à son instinct ? Le même qui nous a guidée jusqu’à la plupart de nos ami·es, celui qui nous fait tomber amoureuse de notre first love, celui qui nous serre les tripes quand on est triste... Si le zodiaque est une ouverture vers l’autre, coller une étiquette sur la simple base d’un signe me semble vraiment dommage.

 

La force des horoscopes réside aussi dans leur part de magie… Alors gardons en tête que l’astrologie doit permettre de se faire du bien, trouver des pistes pour devenir la meilleure version de soi-même, mais sans prendre chaque prévision au pied de la lettre. Parole de Poissons !


 

Camille Laurens