Ce qui me rassure, c’est que je ne suis pas la seule à me sentir submergée cette année. Depuis que j’ai commencé l’écriture de ces chroniques, les langues se délient autour de moi. Même les plus réfractaires à l’astrologie me glissent en douce en fin de soirée : « C’est vrai qu’en ce moment j’ai l’impression d’avoir totalement perdu pied » ou encore « Je crois que je fais un burn-out » et surtout « Mais c’est quoi ce bordel au juste ? ».

Astrologie ou pas, entre 27 et 32 ans, vous pouvez demander à vos grands-parents et prévenir vos petites sœurs, il se passe — pour tout le monde — des choses qui définiront le reste de votre existence. Les fondations instables s’effondrent, l’univers vous tend des perches pour vous reconstruire, et Saturne l’autoritaire vous hurle au mégaphone QU’IL SERAIT TEMPS DE LES PRENDRE. Seulement, si vous êtes comme moi, quand on vous hurle dessus dans la tempête, ça résulte plus en crise d’angoisse qu’en épiphanie. Mais comment fait-on pour vivre au mieux cette période de transition qui peut être assez inconfortable voire hyper déstabilisante ? J’ai décidé de demander conseil à Noura Bourni.

C’est parti pour un petit check up astro

Il me semblait bien avoir décelé chez Noura, que j’écoute régulièrement dans le podcast britannique Saturn Returns (on vous en parlait dans la chronique #1), un accent français : « Je viens de la Belgique », sourit l’astrologue, avant d’embrayer direct sur les choses sérieuses : « Ça ne m’étonne pas que tu me contactes maintenant, tu es au pic de ta révolution saturnienne ».

C’est ma première séance d’astrologie, je ne sais pas comment ça se déroule ni ce que je vais en tirer. Noura dit : « On commence par les bases ? Tu es Gémeaux ascendant Vierge, ta Lune est en Sagittaire. » Avant notre rendez-vous j’ai juste envoyé à Noura ma date, heure et lieu de naissance. Elle dresse un portrait d’une précision quasi flippante. À la fin de cette introduction, elle ajoute : « Tu es naturellement une chercheuse, et pas seulement dans ta vie professionnelle. Quand tes ami.es ont un problème, iels viennent vers toi et tu fais des recherches pour trouver une solution. » J’ai envie de lui répondre que notre problème majeur en ce moment, c’est Saturne. Mais j’ai peur d’être maudite sur sept générations si j’insulte les planètes devant une astrologue. De toute façon, Noura a l’habitude et n’a même pas besoin que je lui pose la question.

Elle m’explique que le retour de Saturne s’exprime différemment dans la vie de chacun.e en fonction du signe et de la maison dans lesquels se situe la planète. Et ça, ça dépend de votre thème astral, la cartographie du ciel qui correspond à votre date, heure, et lieu de naissance. « Pour ce qui te concerne, Saturne est en Poissons et dans la Maison 6. Ça veut dire que pour toi, le retour de Saturne va se manifester dans ta routine quotidienne, ton rapport au travail, à l’argent, mais aussi à ta santé, qu’elle soit physique ou mentale. Fais particulièrement attention à tes lombaires. » Je ris en répondant à Noura que j’ai une sciatique récurrente depuis le mois de mars, soit le début de ma révolution saturnienne. Elle m’apprend que le chakra racine qui s’y trouve est lié à Saturne. Il représente la maison, l’ancrage, les racines familiales. C’est aussi un signe qu’il faut déposer un bagage qu’on porte depuis l’enfance. Noura tombe juste à tous les endroits.

Apprivoiser Saturne

Le propre de Saturne, c’est d’appuyer sur tout ce qui fait mal : nos plus grandes peurs, nos conflits non-réglés, nos relations bancales, nos carrières mal choisies… Dans ces moments de deuil et de remise en question, c’est parfois difficile de comprendre ce qui nous arrive, et surtout ce qu’on doit faire. Au fil de ma séance avec Noura Bourni, je glane quelques tips pour survivre au passage à la trentaine. « L’un des grands apprentissages de la révolution saturnienne, c’est de devenir son propre parent », dit-elle. Ce qui signifie prendre soin de sa santé, mais aussi savoir se délester de traumas d’enfance, et mettre des limites dans nos relations aux autres. Noura ajoute qu’il s’agit aussi de penser en dehors de ce qu’on nous a inculqué. « Tu peux te poser la question : Si j’oubliais la société et mes figures d’autorité, mes parents, mon enfance, comment est-ce que j’organiserais ma journée ? Comment est-ce que je mangerais ? etc. »

L’astrologue souligne l’importance de se fier à notre corps : « On a tendance à rester dans le cérébral, mais dans ces moments-là, le corps est le plus à même de nous guider. Ton corps sait déjà où tu dois aller. » Noura me recommande des façons de me reconnecter à mon corps, adaptées à mon profil astro : « Des sports lents comme les pilates ou le Tai Chi. Ils développeront ta créativité naturelle, qui à son tour développera ton intuition. » L’intuition, c’est l’un des outils les plus efficaces pendant la révolution saturnienne. À ce moment charnière où nos choix de vie sont si importants, mais où l’on est totalement dans le brouillard, l’intuition est notre phare dans la nuit. Encore faut-il savoir comment l’identifier, l’entendre, la prendre en considération. On y reviendra dans une prochaine chronique.

Je ressors de ma séance avec Noura Bourni incroyablement soulagée, sans savoir vraiment pourquoi. Peut-être parce que j’ai l’impression d’avoir obtenu des clés de lecture, mis des lunettes qui me permettent enfin de voir plus clairement le moment que je traverse et ce qu’il peut m’apporter. « Tu sentiras les effets de Saturne jusqu’en avril 2025 », me dit Noura qui ajoute très vite en me voyant paniquer : « Mais il y aura du bon ! C’est une expérience qui va te rendre plus solide ».

En attendant, elle m’encourage à réfléchir à la question du travail. « Saturne en Maison 6, ça signifie que tu dois te poser la question d’un rapport équilibré entre travail et vie personnelle. » Actuellement j’ai les pieds dans le sable et la dernière chose à laquelle j’ai envie de penser, c’est mon job. Ceci dit, notre rapport au travail m’intéresse, ce qu’il dit de notre génération, de l’évolution de notre société, ce que la trentaine peut bouleverser dans nos carrières. Mais pour l’instant, allez vous dorer la pilule, on s’en reparle à la rentrée.