Louer ses fringues, ça se tente ?
To rent or not to rent
Économies de thune ou gaspillage, impact carbone augmenté ou action écolo, frustration ou kiff d’un emprunt éphémère… Si la location de vêtements est une pratique de plus en plus répandue - le marché devrait augmenter de 10% annuels jusqu’en 2029 -, elle soulève encore pas mal de débats. Pour faire le point, on a papoté avec Léa Germano, fondatrice de Studio Paillette. Cette entreprise engagée bosse avec des marques de luxe qui lui font don de leurs invendus #teamzérogâchis, pour valoriser une approche branchée et écolo des vêtements empruntés.
DE LA THUNE ET DU STYLE
Louer une fringue coûte moins cher que de l’acheter #duh. Mais les prix de Studio Paillette, qui loue ses pièces sur un mois pour 10% de leur valeur, sont carrément inflation friendly. « C’est les prix les plus bas du marché. Je voulais rendre la mode accessible, démocratiser les belles pièces. Une chemise coûte 390 €, bah tu ne l'achètes pas. Là, tu vas la payer 39 € par mois et tu vas t’amuser avec » explique Léa.
Cette sélection pointue qui n’éclate pas le porte monnaie tente pas mal de monde : « On a autant des étudiantes de 18/25 ans qui ont peu de moyens, que des personnes qui ont besoin de se saper pour leur travail ou des occasions ».
Le level est au taquet, avec des pièces excentriques signées Balmain, Acné, Ganni, Koché, Courrèges... C’est tout le pari de Studio Paillette : proposer une sélection originale pour un mood éphémère : « C’est un prix Zara pour une pièce extraordinaire, dont tu vas sûrement te lasser car c’est une pièce forte. Et les envies fortes, ça passe. Et si ça ne passe pas, tu as découvert une super marque, et tu peux aller voir leur pièces à la vente parce que tu as adoré la coupe, la matière, le style… ». Donc on évite la frustration, et si on part finalement sur un achat chez une marque, c’est mûrement réfléchi.
ET LA PLANÈTE ?
Globalement, la location permet de pimper son dressing de basics - seconde main ou durables siouplé - sans taper sur les nerfs de sa banque. Mais niveau écologie, ça donne quoi ? Parce que des critiques légitimes peuvent se faire entendre.
Remarque majeure (aussi adressée aux entreprises style Vinted) : sous prétexte que c’est plus écolo que d’acheter du neuf, on encourage les gens à surconsommer et ça donne une visons “jetable” du vêtement. Léa tient compte de cet aspect : « Je pense que la consommation et l’envie de nouveauté sont déjà là, et on se réfugie dans ce qui nous paraît plus censé comme Vinted et la seconde main (qui peut être très cool). Mais ça reste peu écologique d’acheter à foison et de stocker dans son vestiaire, surtout si c’est une pièce qui a été achetée chez Zara et portée deux fois. Dans la location, tu rends les pièces donc il n’y a pas de produits non-optimisés qui trainent dans ton placard. Ce qui peut pousser à la consommation, c’est que pas mal de boîtes fonctionnent avec des box, des abonnements pour fidéliser les gens. Moi je ne suis pas trop pour. Ça peut pousser à prendre des pièces juste pour prendre des pièces ».
Si la location esquive le principal facteur des émissions carbone de la mode, aka la production de fringues neuves, il reste la question de l’impact des livraisons.
« Effectivement, Rent The Runway (le géant de la location aux US) fait des envois partout sur une très grosse zone géographique, constamment. Chez Studio Paillette, on loue au mois, donc c’est déjà de la longue durée. Et on encourage à ce que ça dure grâce à nos prix bas, en moyenne nos commandes durent deux mois. Donc une pièce ne va pas être trimballée quatre fois par mois. Et très important : on n’accepte pas les retours. Donc les gens savent qu’ils et elles s’engagent. Parce que c’est ce qui pèse le plus dans l’impact des e-commerces. Certains gros retailers ont 60% de retours, qui ne sont pas reconditionnés et détruits ».
L
’impact écolo de la location va donc dépendre des méthodes de l’entreprise par laquelle on passe, en plus de l’aspect circulaire qui est obviously éco-responsable (on vous détaille pourquoi ici). Autre bonus chez Studio Paillette : des pochettes d’envoi upcyclées, Made in France et réutilisables.
SO, TO RENT ?
Comme d’hab, l’idée est d’y aller mollo. En gardant les enjeux environnementaux en tête et en passant par des petits business qui n’encouragent pas la surconsommation, on peut se faire kiffer et booster notre style. Parce que ça reste l’objectif de base : « Il a un truc si joyeux à se changer, dans l’apparat, se créer un personnage, se réinventer. Ça a toujours été ancré dans nos sociétés, se vêtir c’est une extension de son corps. C’est une des premières formes d’expressions et ça existera toujours » estime Léa.
Elle ajoute qu’amener une pièce forte dans un dressing de basics apporte un regard complètement neuf sur une garde robe : « On est vachement dans le réassemblage. Quand tu mets une pièce de collection dans un nouveau look, elle n’a pas du tout le même aspect, c’est fascinant. Le styling, c’est le cœur du projet, parce que je sais que ça réinvente tout : les pièces, les silhouettes… ça donne du chien ».
Et si vous êtes dans la team qui aime voir en live, Studio Paillette fait un open studio gratos tous les vendredis après-midi à La Caserne à Paris, pour venir essayer les pièces avant de les adopter… temporairement, of course.
Claire Roussel